Discrètement, sans publicité, la jeunesse de saint Joseph s’impose dans les esprits ; aucune œuvre contemporaine ne le représente plus comme un homme d’âge mûr. Il semble désormais admis qu’un écart de génération entre les saints époux défigurerait leur amour. Perçoit-on que cela occulterait aussi le martyre de saint Joseph ? L’époux de Marie, dans la force de l’âge, offrit sa vie en sacrifice, tout comme saint Jean-Baptiste – mais de manière non sanglante.
Plusieurs éléments témoignent, au fil des récits évangéliques, que saint Joseph était mort lorsque Jésus inaugura son ministère public. Par exemple, Marie est invitée seule aux noces de Cana (cf. Jn 2,1), suggérant qu’elle était veuve, ou encore Jésus confie sa mère à saint Jean (cf. Jn 19,27), attestant qu’elle n’avait plus de famille. Les théologiens soulignent par ailleurs que ce décès prématuré est convenable, pour la raison que les auditeurs de Jésus devaient comprendre que Jésus appelle « Père » l’Éternel et non le charpentier de Nazareth. Veillons cependant à ne pas esquisser le portrait d’un Dieu scénariste qui se débarrasse d’un second rôle devenu inutile. La mort de saint Joseph n’est pas un paramètre d’ajustement.
Saint Joseph a renoncé à tout pour le Christ, y compris à sa propre vie. Alors que Jésus était devenu adulte, avant de voir de ses yeux quelles œuvres le Messie accomplirait, Joseph, qui avait aimé Jésus, voulut l’aimer jusqu’au bout (cf. Jn 13,1). La vie de saint Joseph n’est pas providentiellement abrégée. Depuis son tout début et jusqu’à son terme, elle est librement offerte pour que le Règne vienne.