L’homme lui tendit une photo. Benoît l’interrogea du regard. La main de l’étranger insista. La photo montrait une station du Chemin de Croix, grandeur nature. Un Jésus en bronze, massif, les deux genoux en terre, broyé par le poids d’une croix monumentale, de trois mètres au moins. Sur le chemin de croix, une fillette rose échappe à sa maman, bouclettes et jupette au vent. Elle se précipite vers la statue et saisit à bras le corps le bois des souffrances. Elle va pour soulever, décidée, innocente, convaincue de libérer Jésus par cet élan.
Le photographe a saisi comment les petits consolent Jésus. L’esprit d’enfance ne connaît pas le sentiment d’impuissance, si bien que le vent de l’Esprit emporte les petits sans rencontrer de résistance. Les grands sourient devant la naïveté de l’enfant : ils voient l’échec assuré. Jésus sourit et se reconnaît : l’Enfant compte sur la puissance du Père et n’est jamais déçu.
Pour veiller sur l’enfant Jésus, il fallut ainsi un père dont la fidélité ne soit jamais prise en défaut, dont l’amour reflète la puissance de l’Éternel, dont la présence confirme la confiance et l’abandon de l’Enfant. Aussi Dieu le Père confia-t-il l’enfant Jésus à saint Joseph. Ainsi Dieu le Père confie-t-il à saint Joseph quiconque veut se laisser emporter par l’Esprit d’Enfance, sans résistance.