Ne croyons pas que l’Ascension ne change rien pour Jésus — après tout, n’est-il pas le Verbe fait chair, son humanité n’a-t-elle pas toujours été en Dieu ? Le Christ a vécu une vie humaine parfaite, sans péché, rayonnante de toutes les vertus, conforme à sa double nature. Pourtant, en son humanité, le Seigneur Jésus eut à grandir ; non seulement en taille et en sagesse, mais aussi en grâce (cf. Lc 2,52). Certes, Jésus n’a connu que la plénitude de la grâce, dès sa conception virginale. Sa croissance humaine consistait à grandir et à répondre de mieux en mieux à la grâce qui l’habitait en plénitude. En ce sens, l’humanité du Christ s’est perfectionnée.
Ainsi, nous comprenons combien la croissance est belle, comment elle n’implique pas d’imperfection à corriger ou de manque à combler. Croître, c’est répondre au don de la Vie. La croissance est une activité si simple qu’elle convient le mieux aux enfants — au point qu’on n’attend rien d’autre d’eux. La croissance du Seigneur atteint ainsi son sommet avec la Résurrection et l’Ascension au Ciel. Désormais, la nature humaine est immergée en la Sainte Trinité, elle est sauvée, c’est-à-dire accomplie : elle atteint la destinée surnaturelle voulue par Dieu pour l’être humain. Telle est l’œuvre du Christ Sauveur.
Or, en sa sagesse, le Père a voulu associer la croissance de Jésus et de chacun de ses enfants à « celui qui fait grandir », saint Joseph, l’époux de la Mère. Dès lors, l’Ascension est à vivre avec saint Joseph tout aussi naturellement qu’on s’épanouit à Nazareth : Joseph offre à notre humanité le climat de confiance pour répondre pleinement à la grâce.