La dévotion, même la mieux intentionnée, peut tourner à la caricature. On voit alors les saints organisés selon un tableau de compétences, on les évalue à l’aune des miracles obtenus, on les prie en fonction de nos besoins et de leur capacité à y répondre. À ce compte, saint Joseph se détache aisément de l’assemblée : il est le patron de l’Église, mais aussi des époux, des pères, des consacrées, des familles, des éducateurs, des enfants, des artisans, des prêtres, des évêques, des mourants, … Il obtient des faveurs pour le travail et la maison, la famille et la vie conjugale, la prière et l’avancée dans la vie spirituelle. Étant un protecteur et un modèle pour chacun, on se dit alors que saint Joseph est un modèle universel.
Il existe cependant une autre explication, plus simple et plus vraie. Cette raison est liée à la vie cachée, laquelle est caractérisée par la simplicité et le renoncement. Saint Joseph a vécu, parfaitement, la vie cachée parce qu’il l’a recherchée et parce qu’il l’a aimée. Aujourd’hui encore, alors que sa gloire se manifeste irrésistiblement, il se tient fidèlement à la vie qu’il aime, cachée dans la gloire du Père. C’est cet amour qui fait de lui le modèle de toutes les conditions humaines.
Reconnaître en saint Joseph un modèle nécessite ainsi de prendre en aversion les éclats mondains et de chérir amoureusement l’ombre où il se tient.