Le mystère de l’assomption, explique Bossuet, permet de comprendre qui est la Sainte Vierge. En elle, rien ne s’oppose à Dieu, toute sa personne est une irrésistible aspiration au Ciel. Dès lors, par un miracle permanent contrariant cet élan, Dieu fit que l’Immaculée vécut sur Terre. L’assomption, explique l’évêque de Meaux, est la fin de ce miracle : Dieu permit que Marie cède enfin à l’élan intérieur qui faisait d’elle, dès son origine et jusque dans sa chair, une citoyenne du Ciel.
Les croyants voient dans cet itinéraire unique le chemin de la grâce en eux. L’amour de Dieu, opiniâtrement, s’attaque aux résistances du péché en eux, opérant une glorification qui dissout progressivement le vieil homme, jusqu’à détruire le vase charnel incapable de supporter la gloire et à faire advenir l’homme nouveau, né d’en haut de corps et d’esprit. « C’est pourquoi nous ne perdons pas courage, et même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour » (2Co 4,16).
Or, qui fut davantage exposé à l’amour de Dieu que le père de l’Enfant Jésus ? Qui fut davantage ouvert à l’amante assistance de la Sainte Vierge que son époux ? Comment douter que le Sacré-Cœur, qui aima saint Joseph de toute l’ardeur enfantine et de toute la force divine, ne purifia pas son père terrestre jusque dans sa chair ? Comment imaginer que Dieu refusa à Marie la consolation de retrouver au Ciel son tendre époux, présent de corps et d’âme, pour lui ouvrir ses bras ?
Le mystère de l’assomption permet ainsi de mieux comprendre qui est saint Joseph : il fut purifié et glorifié par le Sacré-Cœur jusqu’à monter au Ciel avec son corps pour y préparer la réunion de la Sainte Famille.