« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Mt 16,15)
Cette question est posée à tout homme. Elle dévoile la pauvreté du Christ devant sa Pâque. Il est vain de demander ce les disciples savaient ; évaluer quelle conscience Jésus possédait de lui-même est hors-propos. Le cœur de l’évangile ne repose pas sur un savoir, il se trouve dans une rencontre et s’exprime dans un émerveillement : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16,16)
Saint Pierre a vu l’essentiel : « Quant à nous, nous croyons… » (Jn 6,69). Cependant, « Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. » (Mc 8,32) Il prétendait en effet façonner un messie à son idée, il imaginait une profession affranchie de l’écoute. Pierre était encore trop riche de lui-même.
Saint Joseph aussi eut à offrir une réponse. Cependant, lui est demeuré dans le silence qui écoute. Joseph a ainsi compris l’étonnante demande d’ouvrir un chemin au Sauveur. Jésus demande son identité et affirme sa dépendance : tel est l’abîme du mystère de l’Incarnation où Dieu reçoit de l’homme sa chair, où le Verbe apprend le langage humain, tel est l’ampleur du mystère de l’Incarnation où l’homme remet à Dieu le fruit de la secrète germination des générations, le résultat de la patiente pédagogie divine envers son peuple.
Plus que tout autre disciple, saint Joseph eut à dire qui est le Messie. Jésus en effet ressemble à sa mère et à son père aussi. En affirmant « tu es le Christ », saint Joseph dévoile son travail d’éducateur et fait l’offrande de sa vie, il s’émerveille de l’accomplissement de la Promesse.
Ainsi, en nous demandant « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? », le Seigneur demande à être reconnu comme le fruit de la Terre et le don du Ciel, comme le « fils de Joseph » (Lc 4,22) et le « fils de Marie » (Mc 6,3), comme le « Fils de Dieu » (Mc 15,39). Jésus nous invite à l’émerveillement devant la pauvreté du Fils.