« Généalogie de Jésus, Christ, fils de David, fils d’Abraham. » (Mt 1,1)
En ouverture de son évangile, saint Matthieu présente Jésus comme fils, dans un étrange redoublement. David et Abraham, en effet, ont eu bien du mal à devenir pères. David eut à découvrir son amour paternel et à s’attacher à ses fils. Abraham eut à renoncer à sa possessivité et à laisser vivre son fils. Au terme de leur vie, l’un et l’autre y sont parvenus. David mit Salomon sur son trône, par amour paternel et par respect de l’élection divine. Abraham délia Isaac, reconnaissant qu’il est fils de Dieu avant tout.
À l’autre extrême de la généalogie, Jésus, qui est bien plus que Salomon et qu’Isaac, reçoit un autre père : « Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ. » (Mt 1,16) Longtemps perçu comme mandataire, son étonnante paternité se devine dans les silences du texte. Détaché de Jésus selon la chair, il surpasse Abraham. Reconnaissant d’emblée la vocation propre de son fils (cf. Mt 1,21), il déclasse David. Joseph fut pour Jésus un père comme il n’y en avait jamais eu.
La « généalogie de Jésus » ouvre les cœurs à l’incomparable paternité de saint Joseph. Elle concerne « ce qui a été engendré en [Marie] » (Mt 1,20) par le Saint-Esprit : chacun d’entre nous.