Très tôt et pour toujours, l’ange Boufaréo imprime en nos esprits un portrait risible du Ravi de la Crèche : « Il n’y en avait qu’un qui dormait : c’était le Ravi. C’était pas parce qu’il avait le sommeil profond, mais que ce soit le jour ou la nuit, il était jamais complètement réveillé. Le jour, il restait à sa fenêtre, les bras en l’air, en regardant les gens, le ciel, les bêtes, les fleurs, et en disant : Que le monde est joli ! C’est pas possible qu’il soit aussi joli ! ».
Quoiqu’en dise la Pastorale des Santons de Provence, le Ravi est le personnage le plus édifiant de la Crèche, probablement le plus proche de saint Joseph. Le mystère de Noël rappelle en effet aux chrétiens qu’ils ne sont pas assez poètes, qu’ils pratiquent trop peu cette vertu de l’esprit d’enfance qu’est la capacité à s’émerveiller de tout et de tous, la possibilité que donne l’Esprit de voir et de vivre l’essentiel. Qui prie est habité. Qui est habité discerne la nouveauté, comprend le langage secret des choses muettes et des cœurs bouleversés. Qui mieux que saint Joseph a discerné l’œuvre de Dieu grandissant en secret dans le sein de Marie ? À la Crèche, seuls les poètes authentiques devinent le Seigneur faisant toutes choses nouvelles.
L’Esprit de Noël réveille la poésie endormie au cœur des enfants de Dieu. Le monde attend le témoignage des chrétiens s’exclamant avec saint Joseph : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil ! » (Mc 2,12)