Le temps de l’Église 1 est un temps de crisis, de choix et de combat contre les puissances du mal, les « principautés » et les « puissances » (Ep 3, 10). Malgré sa défaite, le Tentateur continue à faire obstacle à la pleine réalisation du projet salvifique de Dieu dans l’histoire. L’Église est impliquée « en première ligne », au nom du Christ et par la puissance du Saint-Esprit, dans ce « Théodrame », selon l’heureuse expression d’un théologien contemporain 2.
La mission fondamentale de l’Église, en cet « entretemps », est de discerner la réalité de l’action de Satan des phénomènes d’un autre genre, et de reconnaître cas par cas cette action satanique.
Il peut en effet arriver, spécialement dans un milieu si fortement marqué par la prévalence de formes de pensée magique, occultiste et superstitieuse, qu’une personne qui souffre de psychopathologie plus ou moins grave pense qu’elle est victime d’influences ou même de possession sataniques, sans qu’il y ait de motif réel, mais uniquement suggestion.
Le Rituel des exorcismes invite les pasteurs à la plus grande prudence pour distinguer « de manière juste les cas d’assauts diaboliques et une certaine crédulité qui amène même des fidèles à penser qu’ils sont l’objet de maléfices, de mauvais sorts ou de malédiction, qui leur seraient infligés par d’autres. Il ne faut pas leur refuser l’aide spirituelle mais il ne faut, en aucune manière, procéder à des exorcismes. Il faut plutôt dire quelques prières avec eux et pour eux, afin qu’ils trouvent la paix de Dieu 3 ».
Le même Rituel, au n° 67, fournit de précieuses indications à cet égard. Il est évident que de telles situations demandent une grande attention et une grande sagesse pastorale. Toute demande d’intervention ne veut pas dire que l’on se trouve devant un cas d’influence démoniaque.
Il faut de plus se rappeler que, tout comme il existe de multiples formes d’intervention de Satan sur l’homme, de même il existe des niveaux divers d’intervention de l’Église.
L’exorcisme est de soi réservé seulement aux cas de possession diabolique suffisamment attestés ; ces cas sont les plus graves mais aussi les plus rares.
Dans toutes les autres situations, de la manifestation locale à l’obsession et aux vexations diaboliques, il sera opportun de recourir d’abord à d’autres formes d’intervention comme :
– l’écoute de la Parole de Dieu et l’esprit de pénitence et de conversion ;
– la prière personnelle prolongée et le jeûne, comme l’Évangile nous invite à le faire (cf. Mc 9, 29) ;
– des prières spéciales de libération, selon les formes prévues par l’Ordinaire, faites en groupe ou par des personnes qui en sont chargées ;
– la célébration des sacrements et des sacramentaux, mis en valeur selon toute leur signification.
Ces diverses formes d’intervention sont autant de formes d’action de l’Église qui intercède pour ses enfants et répand la grâce salvifique du Ressuscité dans le monde. « Cela doit être dit en particulier dans les cas de vexation de la part du diable exercés contre des baptisés, chez lesquels le mystère de la miséricorde semble d’une certaine manière s’obscurcir. Quand on rencontre des situations de ce genre, l’Église implore le Christ et, confiante en sa puissance, elle apporte des aides particulières aux fidèles afin qu’ils soient libérés de ces vexations 4».
Le fidèle en proie à des vexations doit être exhorté, au moins quand cela est possible, à prier Dieu, à accomplir des actes de mortification, à renouveler fréquemment sa foi baptismale, à célébrer le sacrement de la Réconciliation et à se fortifier par la sainte Eucharistie 5.
Ces mêmes exhortations doivent être faites en même temps à ses parents et à ses amis, ainsi qu’à la communauté elle-même des croyants, de sorte que la prière et la vie de grâce de nombreuses personnes l’aident et lui servent d’exemple.
Notes :