Famille de Saint Joseph

Différence entre religion et magie

par | 7 février 2005

Le problème 1 d’une définition de la magie est de soi difficile étant donné la diversité des phénomènes. Cependant, une donnée fondamentale semble acquise parmi les savants : la distinction objective que l’on doit mettre, sur le plan anthropologique et culturel, entre « religion » et « magie ».

La distinction découle de la manière diverse dont les deux expériences se rapportent à ce qui est transcendant :
– La religion fait une référence directe à Dieu et à son action, de sorte qu’il n’existe pas et ne peut pas exister d’expérience religieuse sans cette référence ;
– La magie implique une vision du monde qui croit à l’existence de forces occultes qui exercent une influence sur la vie de l’homme et sur lesquelles celui qui exerce la magie (ou l’usager) pense pouvoir exercer un contrôle par l’intermédiaire de pratiques rituelles capables de produire automatiquement des effets ; le recours à la divinité – quand il existe – est purement fonctionnel, subordonné à ces forces et aux effets voulus.

En effet, la magie n’admet aucun pouvoir supérieur à elle-même ; elle affirme qu’elle peut contraindre les « esprits » eux-mêmes ou les « démons » évoqués à se manifester et à accomplir ce qu’elle demande. Aujourd’hui encore, celui qui recourt à la magie ne pense pas d’abord s’adresser à Dieu – au Dieu personnel de la foi et à sa Providence sur le monde – mais plutôt à des forces occultes impersonnelles, supra-humaines et au-dessus du monde, régnant sur la vie du cosmos et de l’homme.
Il pense qu’il doit se défendre contre ces forces en ayant recours à des gestes pour les conjurer et à des amulettes, ou il présume qu’il peut en retirer quelque bénéfice par des formules d’incantation, des philtres ou des actions liées aux astres, à la création ou à la vie humaine. C’est dans ce contexte qu’entre le caractère producteur de l’acte magique, qui n’admet – une fois mis en acte selon les modalités requises – aucune possibilité d’échec.

Cela se passe sous des formes variées.
– Il y a la magie imitative, selon laquelle le semblable produit le semblable : verser de l’eau par terre amènera la pluie, transpercer les yeux d’une poupée rendra aveugle ou fera mourir la personne qu’elle représente.
– Il y a la magie contagieuse, pour laquelle ce qui est contigu agit sur le contigu ou une partie sur le tout, au point qu’il suffit de mettre en contact deux réalités, animées ou inanimées, pour qu’une force bénéfique ou maléfique se transmette de l’une à l’autre : ainsi, « toucher du fer » ou « jeter du sel » éloignera les influences négatives ou les sorts à cause de vertus spéciales que renferment ces éléments.
– Enfin, il y a une magie incantatoire, qui attribue un pouvoir particulier à des formules ou des actions symboliques, que l’on croit capables de produire les effets évoqués ou indiqués par ces formules.

Sous quelque forme qu’elle s’exprime, la magie représente un phénomène qui n’a rien à voir – sur le plan objectif, – avec le sens authentique de la religion et le culte de Dieu. Au contraire, elle est son ennemie et son antagoniste.
À juste titre, la raison scientifique contemporaine (ou simplement la raison élémentaire) considère la magie comme une forme d’irrationalité, que ce soit par rapport aux conceptions pré-logiques dont elle se réclame, ou par rapport aux moyens qu’elle met en œuvre ou aux fins qu’elle poursuit.

Il existe chez les savants des opinions diverses sur l’origine de la magie.
– Certains en identifient la source dans une autosuggestion ou une « névrose obsessionnelle » de l’individu ou de la société.
– D’autres l’expliquent comme une réaction de défense contre – ou une déformation de – l’idée de Providence divine.
– Certains, allant au-delà, voient dans la magie l’expression d’une volonté de puissance de l’homme, orientée vers la réalisation de son rêve archétype : être Dieu. De fait, quelle que soit l’explication dont on part, par la croyance magique se manifeste une sorte de réédition de cette tentation des origines qui a été à la racine du premier péché, présent au cœur de l’homme comme tendance et suggestion sournoise du Tentateur.

 

Notes :

  1. Lettre pastorale : Magie et démonologie, DC 2104(1994)988-998 [retour]

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