On ne peut comprendre la maternité de Marie et la paternité de Joseph sans contempler d’abord la Sainte Trinité. Le Credo dit que « le Fils unique de Dieu [est] né du Père avant tous les siècles. » Le Fils ne procède que du Père, la génération ne procède que d’un seul principe, le Fils est la parfaite expression du Père. Par ailleurs, « l’Esprit Saint […] procède du Père et du Fils. » L’Esprit jaillit de ce qui fait la pureté du don du Père et du Fils l’un à l’autre. L’Esprit réalise l’amour mutuel du Père et du Fils, il atteste cet amour puisqu’il en est le signe vivant.
Tel est notre Dieu, « de qui toute paternité au ciel et sur la terre tient son nom. » (Ep 3,15) La génération humaine participe à ces deux principes de fécondité, distincts spirituellement : la fécondité de l’ordre de l’expression, participée par le père, et la fécondité de l’ordre de l’amour, participée par la mère.
Le père désire en effet façonner son enfant à son image. Il se réjouit davantage que l’enfant devienne le fruit de sa pensée, tel une œuvre d’art, plutôt qu’il soit le fruit de sa chair. La mère, quant à elle, perçoit ses enfants comme le fruit de l’amour. Elle désire moins les façonner que les recevoir du père. Ainsi, la paternité est l’œuvre d’un seul et la maternité est le fruit de l’amour conjugal.
De là vient que l’Église a manifesté tant d’intérêt pour la relation incomparable entre la Sainte Vierge et le Saint-Esprit. Que Marie ait conçu de l’Esprit-Saint veut dire que l’incarnation procède de l’intimité d’amour entre Dieu et la Vierge à la manière dont le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.
Voici qu’ayant proclamé l’Immaculée Conception, l’Église éprouve une admiration renouvelée pour la relation incomparable entre saint Joseph et le Verbe incarné. Au-delà des modes spirituelles et des élans de la piété, se laisser éclairer sur la manière dont Joseph façonna Jésus est une attitude urgente et sérieuse : notre connaissance du Dieu Trine le requiert.