Famille de Saint Joseph

La « science chrétienne » de Mary Baker Eddy

par | 5 avril 2005

L’enceinte solitaire de la tombe offrit à Jésus un asile contre ses ennemis, un lieu où résoudre le grand problème de l’être. Ses trois jours de travail dans le sépulcre mirent le sceau de l’éternité sur le temps. Il prouva que la Vie est immortelle et que l’Amour est maître de la haine. S’appuyant sur la base de la Science Chrétienne, le pouvoir de l’entendement sur la matière, il combattit et anéantit toutes les revendications de la médecine, de la chirurgie et de l’hygiène.
Il ne prit aucun médicament pour calmer l’inflammation. Il ne compta ni sur la nourriture ni sur l’air pur pour renouveler ses forces épuisées. Il n’eut pas besoin de l’art d’un chirurgien pour guérir ses mains déchirées, panser la blessure de son flanc et ses pieds lacérés, pour pouvoir se servir de ses mains afin d’enlever les linges et le suaire, et pour faire usage de ses pieds comme par le passé.
Etait-ce chose surnaturelle que le Dieu de la nature soutint Jésus dans sa démonstration du pouvoir dont l’homme est véritablement doué ? C’était une méthode de chirurgie qui surpassait l’art matériel, mais ce ne fut pas un acte surnaturel. Au contraire, ce fut un acte divinement naturel, par lequel la divinité apporta à l’humanité la compréhension de la guérison-Christ, et révéla une méthode infiniment au-dessus de celle que les humains ont inventée.

Mary Baker Eddy, Science et santé avec la clé des Ecritures

Nous abordons le mouvement de la « Science Chrétienne », fondé par M. Bader Eddy (1821-1910), en réponse à plusieurs demandes sur le forum. Il est vrai que la dénomination peut attirer un chrétien, surtout lorsqu’il apprend que cette Eglise propose une voie de « guérison spirituelle ».

Mary Baker, devenu Madame Eddy, s’intéressa pendant son adolescence au spiritisme, à l’hypnotisme et aux sciences occultes. Elle fonda son Eglise du Christ Scientiste en 1879 à Boston, où elle ouvrit également en 1881 le Massachusetts Metaphysical College. Elle fut le premier Pasteur et la Présidente de l’Association des Scientistes Chrétiens, et publiait à elle seule le Christiana Science Journal, périodique des Scientistes Chrétiens. En 1875, elle consigna l’essentiel de son « système scientifique de guérison divine » dans l’ouvrage dont nous avons cité un extrait.

Il suffit de lire ces quelques lignes pour s’assurer que la doctrine n’a de chrétien que le nom. En fait, Madame Baker Eddy s’inscrit dans un courant qu’on désigne globalement sous le terme de « christianisme métaphysique » ou « ésotérique ». Ce courant rassemble divers mouvements qui, à la fin du XIXe s., développèrent de nouvelles spiritualités dites « chrétiennes », mais dont la doctrine était franchement hétérodoxe. Parmi ces mouvements – qui eurent une certaine influence aux Etats-Unis – le plus connu se dénomme le New Thought.

Mais revenons à notre auteur. Pour Mme Baker Eddy, Dieu est un Principe impersonnel auquel nous avons tous part dans l’esprit :

« Dieu est tout, et l’homme le possède éternellement. »

Seul l’esprit divin est substantiel ; il est la trame de toutes choses, l’unique Etre véritable. Toutes nos souffrances et nos déboires s’enracinent ultimement dans la réalité que nous attribuons à la matière. La guérison consistera donc à sortir de cette illusion, et à prendre conscience de notre participation au principe divin immanent. L’enseignement et les œuvres de Jésus n’auraient visé qu’à cela : nous convaincre qu’il ne tient qu’à nous de sortir de la maladie et de choisir la santé qui est en Dieu, c’est-à-dire en chacun de nous.

« La Science de l’être révèle que l’homme est parfait, de même que le Père est parfait, parce que l’âme ou l’entendement de l’homme spirituel est Dieu, le Principe divin de tout être, et parce que cet homme réel est gouverné par l’âme, non par les sens, par la loi de l’Esprit, non par les prétendues lois de la matière. »

Les guérisons accomplies par Jésus, n’ont donc rien de surnaturel : inutile d’invoquer une quelconque transcendance, puisque le divin est immanent et omniprésent :

« La guérison physique par la Science Chrétienne résulte, aujourd’hui comme au temps de Jésus, de l’opération du Principe divin, devant laquelle le péché et la maladie perdent leur réalité dans la conscience humaine et disparaissent aussi naturellement et aussi nécessairement que les ténèbres font place à la lumière et le péché à la réforme. Aujourd’hui comme autrefois, ces œuvres puissantes ne sont pas surnaturelles, mais suprêmement naturelles. Elles sont le signe de l’Emmanuel, ou “Dieu avec nous” – une influence divine toujours présente dans la conscience humaine. »

Selon notre auteur, Jésus ne serait pas mort sur la croix, mais il aurait mis à profit le temps passé dans le tombeau pour fournir la preuve de son pouvoir de guérison. Par le fait même, il nous révèle notre propre pouvoir immanent et nous invite à le suivre sur ce chemin de « résurrection », qui consiste à sortir de l’illusion, à ne plus vivre dans la chair, mais dans l’esprit.

Il est facile de constater que la doctrine de la Science Chrétienne s’inspire de la gnose et qu’elle a probablement subi l’influence des traditions orientales. Nous sommes loin de la véritable « science » au sens évangélique du terme, cette connaissance infuse qui nous est communiquée dans la foi en Jésus-Christ, Seigneur et Sauveur, Fils unique du Père, qui nous donne part à sa filiation divine dans l’Esprit.

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