Il ne prit aucun médicament pour calmer l’inflammation. Il ne compta ni sur la nourriture ni sur l’air pur pour renouveler ses forces épuisées. Il n’eut pas besoin de l’art d’un chirurgien pour guérir ses mains déchirées, panser la blessure de son flanc et ses pieds lacérés, pour pouvoir se servir de ses mains afin d’enlever les linges et le suaire, et pour faire usage de ses pieds comme par le passé.
Etait-ce chose surnaturelle que le Dieu de la nature soutint Jésus dans sa démonstration du pouvoir dont l’homme est véritablement doué ? C’était une méthode de chirurgie qui surpassait l’art matériel, mais ce ne fut pas un acte surnaturel. Au contraire, ce fut un acte divinement naturel, par lequel la divinité apporta à l’humanité la compréhension de la guérison-Christ, et révéla une méthode infiniment au-dessus de celle que les humains ont inventée.
Mary Baker Eddy, Science et santé avec la clé des Ecritures
Nous abordons le mouvement de la « Science Chrétienne », fondé par M. Bader Eddy (1821-1910), en réponse à plusieurs demandes sur le forum. Il est vrai que la dénomination peut attirer un chrétien, surtout lorsqu’il apprend que cette Eglise propose une voie de « guérison spirituelle ».
Mary Baker, devenu Madame Eddy, s’intéressa pendant son adolescence au spiritisme, à l’hypnotisme et aux sciences occultes. Elle fonda son Eglise du Christ Scientiste en 1879 à Boston, où elle ouvrit également en 1881 le Massachusetts Metaphysical College. Elle fut le premier Pasteur et la Présidente de l’Association des Scientistes Chrétiens, et publiait à elle seule le Christiana Science Journal, périodique des Scientistes Chrétiens. En 1875, elle consigna l’essentiel de son « système scientifique de guérison divine » dans l’ouvrage dont nous avons cité un extrait.
Il suffit de lire ces quelques lignes pour s’assurer que la doctrine n’a de chrétien que le nom. En fait, Madame Baker Eddy s’inscrit dans un courant qu’on désigne globalement sous le terme de « christianisme métaphysique » ou « ésotérique ». Ce courant rassemble divers mouvements qui, à la fin du XIXe s., développèrent de nouvelles spiritualités dites « chrétiennes », mais dont la doctrine était franchement hétérodoxe. Parmi ces mouvements – qui eurent une certaine influence aux Etats-Unis – le plus connu se dénomme le New Thought.
Mais revenons à notre auteur. Pour Mme Baker Eddy, Dieu est un Principe impersonnel auquel nous avons tous part dans l’esprit :
Seul l’esprit divin est substantiel ; il est la trame de toutes choses, l’unique Etre véritable. Toutes nos souffrances et nos déboires s’enracinent ultimement dans la réalité que nous attribuons à la matière. La guérison consistera donc à sortir de cette illusion, et à prendre conscience de notre participation au principe divin immanent. L’enseignement et les œuvres de Jésus n’auraient visé qu’à cela : nous convaincre qu’il ne tient qu’à nous de sortir de la maladie et de choisir la santé qui est en Dieu, c’est-à-dire en chacun de nous.
Les guérisons accomplies par Jésus, n’ont donc rien de surnaturel : inutile d’invoquer une quelconque transcendance, puisque le divin est immanent et omniprésent :
Selon notre auteur, Jésus ne serait pas mort sur la croix, mais il aurait mis à profit le temps passé dans le tombeau pour fournir la preuve de son pouvoir de guérison. Par le fait même, il nous révèle notre propre pouvoir immanent et nous invite à le suivre sur ce chemin de « résurrection », qui consiste à sortir de l’illusion, à ne plus vivre dans la chair, mais dans l’esprit.
Il est facile de constater que la doctrine de la Science Chrétienne s’inspire de la gnose et qu’elle a probablement subi l’influence des traditions orientales. Nous sommes loin de la véritable « science » au sens évangélique du terme, cette connaissance infuse qui nous est communiquée dans la foi en Jésus-Christ, Seigneur et Sauveur, Fils unique du Père, qui nous donne part à sa filiation divine dans l’Esprit.