Famille de Saint Joseph

L’« éveil » des cellules du cerveau

par | 14 octobre 2006

« Les nouveaux rayons qui agissent sur notre planète, ces énergies et ces influences, sont sûrement destinés à produire les mêmes effets dans le domaine des phénomènes physiques, que dans le monde des valeurs spirituelles. Les atomes du cerveau humain sont en train d’être “éveillés” comme jamais ils ne l’ont été auparavant, et ces millions de cellules dont on nous dit qu’elles sont restées jusqu’ici endormies et inactives dans le cerveau humain, seront sans doute amenées à fonctionner d’une façon active, suscitant une connaissance intuitive qui leur permettra de percevoir la révélation spirituelle qui approche. »

Alice Bailey, De Bethléem au Calvaire

Nous proposons cet extrait comme un (autre) exemple de la confusion épistémologique entretenue au sein du Nouvel Age.

« Les nouveaux rayons » : de quoi s’agit-il ? D’un rayonnement cosmique que les astrophysiciens auraient détecté au moyen d’un nouveau radiotélescope ? Pas du tout : il s’agit de « rayons » supposés appartenir à un autre spectre énergétique, absolument inconnu des physiciens, qui ne peuvent ni le mesurer ni même le détecter. Il s’agirait d’un champ bien plus fondamental que les quatre champs mis à jour par la physique – gravitationnel (et inertiel) ; électro-faible ; électro-fort ; électro-magnétique – et qu’il serait désormais convenu d’appeler « énergie subtile » ou « énergie occulte ». Qu’il soit clair cependant que cette description en termes énergétiques est purement analogique : nous n’avons aucune idée de la nature de cette mystérieuse « réalité » invoquée par les ésotériciens et occultistes pour justifier leurs théories et leurs pratiques. Il ne s’agit que d’une « hypothèse théorique », qui prétend rendre compte d’un ensemble de phénomènes pour lesquels les sciences demeurent pour le moment sans réponse.

Il n’en reste pas moins que sous la plume de nos auteurs, cette hypothèse a pris plus de « poids ontologique » que la réalité objective elle-même. Celle-ci est réduite à une condensation locale de ce mystérieux champ énergétique occulte, érigé en Réalité Première et Ultime, de nature divine. Notre univers matériel serait donc travaillé selon Alice Bailey par des forces occultes issues de ce champ primordial divin, forces « intelligentes » chargées de susciter sur notre Planète les transformations indispensables pour préparer l’avènement des temps nouveaux et de la nouvelle race humaine.

Dans le contexte moniste que nous venons d’esquisser, il n’y a pas de différence réelle entre la matière et l’esprit : tous deux sont présentés comme des cristallisations de l’unique réalité énergétique divine. La matière serait de l’esprit condensé, et l’esprit de l’énergie divine refroidie. Dès lors l’action des forces intelligentes issues du champ primordial occulte devrait affecter tout autant l’esprit que la matière. Les deux actions sont même supposées être conjointes : l’activation – « l’éveil » – des neurones devrait bientôt permettre à l’individu d’accéder à « l’éveil » spirituel ou illumination. Cette transformation psychosomatique est supposée provoquer une modification de l’état de conscience de l’adepte, qui lui permettrait de s’ouvrir aux différents niveaux du monde occulte, auxquels nos sens physiques ne nous donnent pas accès.

Cette saisie intuitive des mondes parallèles est sensée ouvrir à la perception d’une « révélation spirituelle qui s’approche ». Il est clair que le terme « révélation » ne saurait être entendu ici dans le sens qui lui est réservé en théologie (chrétienne), où il désigne l’auto-manifestation de Dieu en son Fils Jésus-Christ ; nous lisons au chapitre premier de la Constitution Dogmatique Dei Verbum sur la Révélation divine (Concile Vatican II) :

« Il a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté (cf. Ep 1, 9) grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit-Saint, auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine (cf. Ep 2, 18 ; 2P 1, 4). Dans cette révélation le Dieu invisible (cf. Col 1, 15; 1 Tm 1, 17) s’adresse aux hommes en son immense amour ainsi qu’à ses amis (cf. Ex 33, 11; Jn 15, 14-15), il s’entretient avec eux (cf. Ba 3, 38) pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie. La profonde vérité que cette Révélation manifeste, sur Dieu et sur le salut de l’homme, resplendit pour nous dans le Christ, qui est à la fois le Médiateur et la plénitude de toute la Révélation (Mt 11, 27 ; Ep 1, 3-14). »

La « révélation » annoncée par A. Bailey est d’une toute autre nature. Elle se présente comme la découverte expérimentale de l’identité de toutes choses au sein de l’énergie divine primordiale dont elles émergent, et dans laquelle elles finiront par se résorber au terme de leur parcours involutif et évolutif. Il n’y a rien de commun entre cette perspective d’une fusion dans une énergie impersonnelle, et la participation à la vie divine dans l’Esprit, qui fait de nous des fils adoptif dans le Fils unique de Dieu, le Créateur et Père de tous les hommes.

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