Le concept Nouvel รge de Dieu est plutรดt vague, tandis que le concept chrรฉtien est trรจs clair. Le dieu du Nouvel รge est une รฉnergie impersonnelle, ou mieux une extension particuliรจre ou composante du cosmos. En ce sens, dieu est la force vitale ou รขme du monde. La divinitรฉ est prรฉsente dans tout รชtre, selon une progression allant du cristal le plus infime du rรจgne minรฉral au Dieu galactique dont nous ne pouvons rien dire, sinon qu’il ne s’agit pas d’un homme mais d’une Grande Conscience.
Dans certains textes โclassiquesโ du Nouvel รge, il apparaรฎt clairement que les hommes peuvent se considรฉrer comme des dieux, mรชme si cette caractรฉristique est plus dรฉveloppรฉe chez certains individus que chez d’autres.
Dieu ne doit plus รชtre cherchรฉ ร l’extรฉrieur du monde, mais ร l’intรฉrieur du moi profond. Et mรชme quand โDieuโ est quelque chose d’extรฉrieur ร moi, il est lร pour รชtre manipulรฉ.
C’est bien diffรฉrent de la conception chrรฉtienne de Dieu, crรฉateur du ciel et de la terre et source de tous les rapports personnels. Dieu est lui- mรชme personnel, Pรจre, Fils et Saint-Esprit qui a crรฉรฉ l’univers en vue de partager la communion de sa vie avec des personnes crรฉรฉes.
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Dieu n’est pas identifiรฉ au principe de vie conรงu comme โEspritโ ou โรฉnergie de baseโ du cosmos, mais ร cet amour qui est absolument diffรฉrent du monde, et pourtant prรฉsent de maniรจre crรฉative en toute chose, et qui conduit les รชtres humains au salut.
Nombre d’ouvrages Nouvel รge expriment la conviction qu’il n’y a pas d’รชtre divin โlร dehorsโ, ou du moins que celui-ci ne se distingue pas vraiment du reste de la rรฉalitรฉ.
Depuis l’รฉpoque de Jung, il y a toujours eu un mouvement professant la croyance dans โle dieu intรฉrieurโ. Notre problรจme, dans l’optique du Nouvel รge, est que nous sommes incapables de reconnaรฎtre notre propre divinitรฉ, une incapacitรฉ qui peut รชtre surmontรฉe avec l’aide d’un guide spirituel ou au moyen d’une sรฉrie de techniques destinรฉes ร libรฉrer notre potentiel cachรฉ (divin).
L’idรฉe fondamentale est que โDieuโ est prรฉsent au fin fond de nous-mรชmes. Nous sommes des dieux, et nous pouvons dรฉcouvrir le pouvoir illimitรฉ qui est en nous en รฉliminant une ร une les couches d’inauthenticitรฉ. Plus ce potentiel est reconnu, mieux il est rรฉalisรฉ, et en ce sens le Nouvel รge a une conception bien ร lui de la theosis ou divinisation, qui consiste ร reconnaรฎtre et ร accepter notre nature divine.
Pour certains, nous vivons une รฉpoque oรน notre comprรฉhension de Dieu doit รชtre intรฉriorisรฉe : du Dieu Tout-Puissant et extรฉrieur au Dieu comme force dynamique et crรฉative au cลur mรชme de tout รชtre : Dieu comme Esprit.
Dans la prรฉface du livre V de Adversus Hรฆreses, saint Irรฉnรฉe nous parle de โJรฉsus-Christ qui, ร cause de son surabondant amour, est devenu ce que nous sommes afin de faire de nous ce qu’il estโ
. Telle est la conception chrรฉtienne de la theosis ou divinisation, qui ne saurait รชtre l’aboutissement de nos seuls efforts, mais requiert l’intervention de la grรขce de Dieu qui opรจre dans et ร travers nous. Cela demande nรฉcessairement de notre part une prise de conscience initiale de notre incomplรฉtude et de notre pรฉchรฉ, qui est tout l’opposรฉ de l’exaltation du moi.
Qui plus est, cela nous ouvre la voie ร la participation ร la vie trinitaire, un cas parfait de distinction au cลur de l’unitรฉ: plus qu’une fusion, c’est une synergie. Tout cela est le fruit d’une rencontre personnelle, l’offre d’une vie entiรจrement nouvelle. La vie en Jรฉsus-Christ n’est pas si personnelle et privรฉe qu’elle se limite au domaine de la conscience. Elle n’est pas non plus uniquement un nouveau niveau de conscience. Elle est une transformation de notre corps et de notre รขme par la participation ร la vie sacramentelle de l’รglise.
Notes :
- Catรฉchisme de l’Eglise Catholique, nยฐ 52. [retour]