Sur cette trame générale se greffent des courants aussi divers que la théosophie, l’anthroposophie, l’astrologie, la sorcellerie, le chamanisme, l’occultisme, le spiritisme, l’ufologie,… qui ont acquis pignon sur rue dans le grand supermarché des « nouvelles spiritualités » regroupées sous le vocable Nouvel Âge.
La recherche des religiosités originelles en amont des religions traditionnelles, a conduit à la renaissance d’un néo-paganisme multiforme. Ainsi par exemple, la Wicca, forme antique de sorcellerie, est née en Angleterre avec Gerald Brosseau Gardner (1884-1964), dans le but de reprendre le flambeau de la tradition païenne qui est supposée avoir fleuri en Europe avant la première évangélisation. Il s’agit en fait d’un culte panthéistique de la nature identifiant la Terre à la grande Mère, la grande déesse maternelle, et incluant des cultes de fertilité (hiérogamie).
L’avènement du Nouvel Âge doit aussi être mis en relation avec le renouveau des courants ésotériques, occultistes et spirites de la fin du XIXe s. Il plonge ses racines en particulier, dans la Société Théosophique, fondée en 1875 par Mme Héléna Petrovna Blavatsky[1] auquel s’était associé un spirite américain, l’ex colonel H. S. Olcott. Ce pseudo-mouvement sans structure précise, fonctionna comme précurseur du « réseau » Nouvel Âge.
L’ésotérisme occidental, représenté par des auteurs comme Jacob Bœhme (1575-1624), Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803) a assurément marqué la pensée de bon nombre d’auteurs du Nouvel Âge, mais leur influence demeure indirecte. De même la référence au Traditionalisme de René Guénon est évidente, sans pour autant que cet auteur puisse être classé parmi les adeptes du Nouvel Âge.
Il faut sans doute réserver une place plus importante à un des maîtres de l’ésotéro-occultisme contemporain : Georges Ivanovitch Gurdjieff (gréco arménien mort en 1949). Sa pensée a été divulguée par ses disciples, dont le plus connu est le russe Piotr Demianovitch Ouspensky (1875-1948).
On entend actuellement le terme « occultisme » dans le sens que lui donne Éliphas Lévi (1810-1875), dans son Dogme et rituel de Haute Magie (1856). L’occultisme moderne se concentre sur l’étude des phénomènes extra-sensibles ; son but est « la détermination de l’invisible par le visible, du noumène par le phénomène, de l’idée par la forme[2] », dans le but de transformer le visible à partir d’une action dans l’invisible.
Le renouveau du spiritisme date des phénomènes survenus en 1848 aux sœurs Fox (à Hydesville, dans l’état de New York). Kate, Margaret et Leah établissent un contact par coups frappés – raps – avec ce qu’elles appellent un « esprit ». La nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Les exhibitions publiques des deux sœurs, réputées « médiums », ou « intermédiaires » avec les esprits, rassemblent en moins de six ans, 3 millions d’adeptes aux USA (dont 10.000 médiums) et suscitent la création de 20 revues spécialisées. À la fin du siècle, le spiritisme comptera près de 12 millions d’adeptes sur la Planète. La « foi » spirite – le mouvement se présente comme une nouvelle religion appelée à parachever la révélation judéo-chrétienne – touche des personnalités célèbres, tels Victor Hugo, C. Doyle, ainsi que de nombreux savants et intellectuels. Le lyonnais Hippolyte-Léon Dénizard Rivail (1804-1869) sera choisi par les esprits pour être leur porte-parole sous le pseudonyme d’Allan Kardec.
[1] Helena Petrovna Blavatsky (1831-1891), est sans doute un des personnages les plus mystérieux et marquants de la fin du XIXème siècle. Son influence demeure considérable sur les nouveaux courants de spiritualité rassemblés sous l’étiquette « Nouvel Age », pour lesquels elle fait figure d’éminence grise. Au cours de sa vie tumultueuse, elle se fait initier dans différentes Loges maçonniques et autres Ordres initiatiques, dans lesquels elle atteindra les grades supérieurs et jouera un rôle prépondérant. Personnalité très forte, elle s’impose par ses pouvoirs occultes hors de l’ordinaire. En 1875, avec l’appui du colonel Henry Steele Olcott (1832-1907), elle fonde la Société Théosophique, qui deviendra le passage quasi incontournable pour la plupart des fondateurs, réformateurs ou animateurs d’Ordres initiatiques. Le siège de la société est à Adyar, aux Indes ; pour H.P.B. en effet – c’est ainsi que ses disciples la désignent – parmi toutes les traditions secrètes, l’hindouisme ésotérique est celle qui est demeurée la plus proche de la Tradition primordiale. Son œuvre monumentale, La Doctrine secrète, présente les principes de l’ésotérisme occidental sur l’horizon des traditions orientales, relues de façon très personnelle par l’auteur. Mme Blavatsky prétend écrire sous l’influence directe des Mahatmas ou Grands Maîtres, qui lui dicteraient leurs enseignements par « voie télépathique ».
[2] Papus, Traité élémentaire de science occulte, Dangles, Saint Jean de Braye, 1982, p. 26.