Le Nouvel Âge n’a pas vraiment la notion du péché, mais plutôt celle d’une connaissance imparfaite. Ce qui nous manque, c’est l’illumination, qui peut être obtenue à l’aide des techniques psychophysiques appropriées.
À ceux qui participent aux activités Nouvel Âge, on ne dit pas ce à quoi ils doivent croire, ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire, mais :
L’autorité est passée de Dieu au moi.
Le problème le plus grave pour le Nouvel Âge n’est pas la faute personnelle ou le péché, mais l’aliénation par rapport au cosmos. Le remède consiste à s’immerger chaque jour davantage dans la totalité de l’être. À en croire certaines publications et pratiques Nouvel Âge, une vie ne suffirait pas, et la réincarnation serait nécessaire pour permettre aux hommes de réaliser pleinement leur potentiel.
Dans la perspective chrétienne,
“Le péché est une faute contre la raison, la vérité, la conscience droite ; il est un manquement à l’amour véritable, envers Dieu et envers le prochain, à cause d’un attachement pervers à certains biens. Il blesse la nature de l’homme et porte atteinte à la solidarité humaine. Le péché est une offense de Dieu. Le péché se dresse contre l’amour de Dieu pour nous et en détourne nos cœurs. Le péché est ainsi amour de soi jusqu’au mépris de Dieu 1”.
Toute la question est de savoir par quoi ou par qui nous croyons être sauvés. Sommes-nous sauvés par nos actions, comme c’est souvent le cas dans les explications Nouvel Âge, ou sommes- nous sauvés par l’amour de Dieu ?
Le Nouvel Âge, dont les maîtres mots sont auto-réalisation et auto-rédemption, a une intelligence fondamentalement pélagienne et optimiste de la nature humaine.
Pour les chrétiens, le salut dépend de la participation à la passion, à la mort et à la résurrection du Christ et du rapport personnel et direct avec Dieu plus que d’une technique quelconque. La condition humaine, affectée intrinsèquement par la faute originelle et par le péché individuel, ne peut être redressée que par l’action de Dieu: le péché est une offense faite à Dieu, et seul Dieu peut nous réconcilier à Lui. Dans le plan salvifique divin, les hommes sont sauvés par Jésus-Christ qui, homme et Dieu, est l’unique médiateur de la rédemption. Dans le christianisme, le salut n’est pas une expérience du moi, une concentration méditative et intuitive sur soi-même, mais le pardon du péché, la libération des profondes ambivalences qui nous habitent et l’apaisement intérieur par le don de la communion avec un Dieu d’amour. Le chemin du salut ne passe pas seulement par une transformation (auto) induite de la conscience, mais par une libération du péché et de ses conséquences qui nous invite dès lors à le combattre en nous-mêmes et dans la société où nous vivons. Cela inclut nécessairement la solidarité aimante envers notre prochain dans le besoin.
Certains auteurs Nouvel Âge considèrent la souffrance comme étant auto-infligée, comme un mauvais karma, ou encore comme l’incapacité de tirer pleinement parti de nos ressources.
D’autres se concentrent sur les méthodes destinées à procurer le succès ou la richesse (par ex. Deepak Chopra, José Silva et al.). Dans le Nouvel Âge, la réincarnation est souvent vue comme un passage nécessaire à notre croissance spirituelle, une étape de notre évolution spirituelle qui commencerait avant la naissance et se poursuivrait après la mort. Dans notre vie présente, l’expérience de la mort des autres provoque une crise salutaire.
Tant l’unité cosmique que la réincarnation sont inconciliables avec la croyance chrétienne selon laquelle l’homme est un être distinct, qui vit une seule vie dont il est pleinement responsable.
Assurément, cette conception de la personne met en jeu à la fois la responsabilité et la liberté. Les chrétiens savent que dans la Croix du Christ, non seulement la Rédemption s’est accomplie par la souffrance, mais de plus la souffrance humaine elle-même a été rachetée. Le Christ sans qu’il ait commis aucune faute s’est chargé du mal total du péché. L’expérience de ce mal a déterminé la mesure incomparable de la souffrance du Christ, qui est devenue le prix de la Rédemption. Le Rédempteur a souffert à la place de l’homme et pour l’homme. Tout homme participe d’une manière ou d’une autre à la Rédemption. Chacun est appelé, lui aussi, à participer à la souffrance par laquelle la Rédemption s’est accomplie.
Notes :
- Ibid., n° 1850-1851 [retour]