Le principal obstacle qui empêche le spirite de croire à tous ces mêmes esprits, alors qu’il conserve une croyance aveugle aux esprits des morts, c’est l’ignorance générale de tous, en ce qui concerne l’essence et la nature vraie de la matière. C’est de l’acceptation ou du rejet de la théorie de l’unité de tout dans la Nature, dans son Essence primordiale, que dépend principalement la croyance ou l’incrédulité au sujet de l’existence autour de nous, d’êtres conscients, autres que les esprits des morts. »
H. P. Blavatsky, La doctrine secrète
Un trait dominant de l’occultisme, est son intérêt pour les « esprits ». Nous pourrions dire sans exagérer que l’essentiel de cette « science » pratique, réside dans la connaissance de ces entités spirituelles, car c’est par leur intermédiaire que l’occultiste obtient ses pouvoirs. L’univers entier serait peuplé d’une infinitude d’esprits de la nature, répartis en différentes hiérarchies, et avec lesquels le mage essaye de prendre contact, afin de se concilier leur aide.
Nous apprenons ainsi de Mme Blavatsky que les esprits planétaires sont « les esprits qui animent les étoiles, en général, et les planètes en particulier. Ils gouvernent les destinées des hommes nés sous telle et telle de leurs constellations » (Ibid.)
. Nous pressentons derrière cette vision d’un cosmos « saturé » d’entités spirituelles, une conception animiste de la nature : « La philosophie ésotérique enseigne que tout ce qui existe, vit et est conscient. Nous regardons la vie comme la forme unique de l’existence, se manifestant dans ce que nous appelons la matière. Les choses qui existent ont la vie et sont des choses vivantes, qu’elles soient atomes ou planètes » (Ibid.)
. Toujours selon l’occultisme, cette existence et cette vie universelles seraient divines, l’univers entier n’étant que l’aspect visible d’un immense processus évolutif immanent à l’Etre divin lui-même. Adhérant à un strict naturalisme moniste, H.P.Blavatsky ne manque d’ailleurs aucune occasion pour ironiser avec mépris le Dieu « extra-cosmique » judéo-chrétien. La cosmologie ésotérique est en fait une théogonie, et les esprits qui y interviennent, sont tous présentés comme des entités de nature divine, arrivées à différents degrés d’évolution. On peut s’étonner de l’affirmation selon laquelle chacun de ces êtres aurait été « un homme dans un cycle précédent »
; mais « pour devenir un Dieu divin pleinement conscient, il faut que les Intelligences spirituelles primordiales passent à travers le stade humain. Et le mot humain ne s’applique pas seulement à notre humanité terrestre, mais aux mortels qui habitent n’importe quel monde, c’est-à-dire à ces Intelligences qui ont atteint cet équilibre approprié entre la matière et l’esprit » (Ibid.)
. Car l’occultisme considère qu’il y a d’autres mondes imbriqués dans le nôtre – « dans des conditions entièrement différentes de celles qui constituent la nature du nôtre »
. Il serait même possible d’entrer en relation avec ces mondes parallèles. Ainsi tout l’effort de l’occultiste consiste à élargir toujours davantage ses contacts avec le monde des esprits, en qui il croit rencontrer autant d’émanations de l’Etre divin lui-même. L’occultiste averti ne tombe pas pour autant dans l’illusion qui consisterait à donner une valeur permanente à ces consciences ; il sait qu’elles ne sont que des émergences éphémères de l’Energie divine impersonnelle. Il cherche donc à s’en servir, sans s’y attacher. Le tout est de savoir s’il ne l’est pas malgré lui ?