Famille de Saint Joseph

Le Christ selon Swami Sivananda

par | 13 janvier 2005

« Jésus est né en Palestine. Mais après son baptême au Jourdain, il disparut à l’âge de treize ans et ne revint qu’à trente et un ans. Entre-temps il alla aux Indes où il pratiqua le Yoga. Il quitta Jérusalem en compagnie de marchands. Jésus vécut la vie de renoncement et de mortification des moines hindous ou bouddhistes. Il assimila les principes et préceptes de l’hindouisme. Le christianisme n’est qu’une forme d’hindouisme adaptée aux personnes de l’époque. En réalité, Jésus est exclusivement un fils de l’âme indienne. Voilà pourquoi son enseignement est si proche de celui de l’hindouisme et du bouddhisme. Jésus était un parfait yogi : il fit de nombreux miracles, il arrêta les vagues de la mer, il ouvrit les yeux des aveugles, il guérit des lépreux simplement en les touchant, il nourrit une foule avec quelques pains. Il ne laissa aucun écrit, mais délivra ses enseignements oralement. Ses paroles furent recueillies et rédigées quelques générations plus tard ; mais elles furent mal comprises, mal notées, mutilées et transformées. »

Swami Sivananda

Swami Sivananda est le fondateur de la « Divine Live Society », dont l’ashram se situe à Rishikesh, Himalay. La doctrine qu’il propose dans cet extrait n’a rien d’original : elle figure depuis longtemps parmi les « explications » courantes des écoles ésotériques occidentales ; nous aurons l’occasion d’approfondir quelques unes de leurs formulations. Ce qui est étonnant, c’est qu’un Swami hindou d’une telle notoriété éprouve le besoin de « récupérer » le Christ, pour en faire un représentant éminent de sa propre philosophie religieuse. Nous avons donc dépassé le temps où les gourous se contentaient d’exposer leur doctrine naturaliste ; l’approche est désormais plus conquérante et conduit à une confrontation directe au christianisme, qui se trouve réduit à une version occidentalisée de l’hindouisme. Le simplisme de l’argumentation a beau sauter aux yeux, les affirmations du Swami ne manqueront pas de troubler bien des personnes : n’est-il pas un initié, un être supérieur, qui a atteint l’illumination, et qui peut dès lors juger de tout ?

Répétons que rien ne permet de soutenir la thèse du voyage d’un petit charpentier de Nazareth aux Indes dans les premières années de notre ère ; d’autant plus que les Evangiles nous présente Jésus comme un Juif pieux adhérant à la Tradition et explicitant sa mission en termes d’accomplissement de la Loi et des Prophètes.

Il suffit de se reporter aux articles de ce site qui explicitent la différence entre le naturalisme oriental et le transcendantalisme judéo-chrétien, pour se rendre compte de l’abîme qui sépare les conceptions hindoues et la doctrine évangélique, en ce qui concerne la conception de Dieu, de l’homme et du cosmos.

Enfin, il est vraiment étonnant de lire l’argument de la falsification des paroles de Jésus de la part des disciples, sous la plume d’un représentant de la tradition hindoue, qui reconnaît pleinement la valeur et la fidélité de la transmission orale.

Dans le même article, Swami Sivananda ajoute que la reconnaissance des sources hindoues du christianisme favoriserait « la communion dans l’amour de l’Orient et de l’Occident ». La réduction à l’identique n’est-elle pas plutôt source de confusion que de communion ? Le dialogue interreligieux ne progressera pas en niant les différences et en réduisant l’autre à soi. Il exige tout au contraire le courage d’une confrontation qui reconnaisse les points de divergence. Le syncrétisme n’a jamais servi la vérité et ne le pourra jamais, car il n’est pas respectueux des interlocuteurs.

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