Swami Sivananda
Swami Sivananda est le fondateur de la « Divine Live Society », dont l’ashram se situe à Rishikesh, Himalay. La doctrine qu’il propose dans cet extrait n’a rien d’original : elle figure depuis longtemps parmi les « explications » courantes des écoles ésotériques occidentales ; nous aurons l’occasion d’approfondir quelques unes de leurs formulations. Ce qui est étonnant, c’est qu’un Swami hindou d’une telle notoriété éprouve le besoin de « récupérer » le Christ, pour en faire un représentant éminent de sa propre philosophie religieuse. Nous avons donc dépassé le temps où les gourous se contentaient d’exposer leur doctrine naturaliste ; l’approche est désormais plus conquérante et conduit à une confrontation directe au christianisme, qui se trouve réduit à une version occidentalisée de l’hindouisme. Le simplisme de l’argumentation a beau sauter aux yeux, les affirmations du Swami ne manqueront pas de troubler bien des personnes : n’est-il pas un initié, un être supérieur, qui a atteint l’illumination, et qui peut dès lors juger de tout ?
Répétons que rien ne permet de soutenir la thèse du voyage d’un petit charpentier de Nazareth aux Indes dans les premières années de notre ère ; d’autant plus que les Evangiles nous présente Jésus comme un Juif pieux adhérant à la Tradition et explicitant sa mission en termes d’accomplissement de la Loi et des Prophètes.
Il suffit de se reporter aux articles de ce site qui explicitent la différence entre le naturalisme oriental et le transcendantalisme judéo-chrétien, pour se rendre compte de l’abîme qui sépare les conceptions hindoues et la doctrine évangélique, en ce qui concerne la conception de Dieu, de l’homme et du cosmos.
Enfin, il est vraiment étonnant de lire l’argument de la falsification des paroles de Jésus de la part des disciples, sous la plume d’un représentant de la tradition hindoue, qui reconnaît pleinement la valeur et la fidélité de la transmission orale.
Dans le même article, Swami Sivananda ajoute que la reconnaissance des sources hindoues du christianisme favoriserait « la communion dans l’amour de l’Orient et de l’Occident ». La réduction à l’identique n’est-elle pas plutôt source de confusion que de communion ? Le dialogue interreligieux ne progressera pas en niant les différences et en réduisant l’autre à soi. Il exige tout au contraire le courage d’une confrontation qui reconnaisse les points de divergence. Le syncrétisme n’a jamais servi la vérité et ne le pourra jamais, car il n’est pas respectueux des interlocuteurs.