Famille de Saint Joseph

Le Christ, mythe de l’homme parfait

par | 13 janvier 2005

« Jésus, l’homme de lumière et de bonté, a été pressenti et salué d’avance par les initiateurs de tous les cultes. L’Egypte, sous le nom d’Horus, l’adorait dormant encore sur le sein d’Isis ; l’Inde le nommait Chrisna et le suspendait aux mamelles de Devaki ; les Druides élevaient une statue à la vierge qui devait enfanter ; Moïse et les prophètes préludaient par de magnifiques dithyrambes à l’épopée des évangiles ; Mahomet le reconnaît et ne proteste que contre l’adoration idolâtrique de sa chair. L’humanité est donc chrétienne depuis le commencement du monde. Accoutrée à l’indienne, à l’égyptienne, à la juive ou à la turque, l’humanité est partout la même et le dogme est universel. Proclamons donc aujourd’hui la catholicité du monde.

L’Evangile n’appartient à la science que comme monument de la foi, et non comme document de l’histoire. C’est le symbole des grandes aspirations de l’humanité. C’est la légende idéale de l’homme parfait.

Eliphas LEVI, La Science des Esprits ; Révélation du dogme secret des kabbalistes, Esprit occulte des évangiles

L’occultiste Eliphas Lévi tente dans cet extrait de ramener le Christ à un mythe, exprimant les aspirations spirituelle de tout homme venu en ce monde, quelle que soit sa culture d’origine. Toutes les religions exprimeraient le même élan vers la divinité pressentie par tous les hommes en tous les temps et en tous lieux.

L’auteur nie explicitement la dimension historique de la Révélation judéo-chrétienne, qui lui est pourtant essentielle. Il met en doute l’historicité de la personne du Christ, ou en tout cas la pertinence de sa vie historique pour le fondement du christianisme. Tout au plus le Jésus des Evangiles serait-il la représentation idéalisée de l’homme parfait que tout homme aspire à devenir.

La « preuve » en serait donnée par les rapprochements que l’on pourrait établir entre les modèles proposés dans les différentes traditions religieuses, qui toutes exprimeraient les mêmes vérités universelles, sous des formes correspondant à la sensibilité des différents peuples.

Il est facile de reconnaître la doctrine de la Tradition primordiale, sorte de gnose universelle à laquelle seraient venus puiser tous les fondateurs religieux. L’histoire des religions a pu démontrer que cette doctrine n’est qu’un mythe sans fondement. Pour E. Lévi – comme pour tant d’autres ésotéro-occultistes – il s’agit d’un axiome de départ à partir duquel il prétend « prouver » l’identité de toutes les doctrines religieuses, qui ne diffèreraient que dans leurs aspects exotériques.

L’extrait cité fait de Jésus un personnage mythique, que l’on peut situer soit dans la ligne des « avatars » – incarnations périodiques du Principe divin dans la tradition hindoue – soit dans celle des grands Initiés. De façon plus générale, il représenterait l’humanité arrivée au terme de son évolution, et ayant accédé à la pleine conscience de sa divinité naturelle.

Nous sommes encore et toujours dans le contexte d’un mysticisme naturaliste, pour lequel l’homme serait une étincelle divine en quête de son identité profonde, qu’il découvre progressivement au prix d’un long cheminement d’involution-évolution à travers les différents niveaux d’une nature divinisée.

Le chrétien affirme au contraire l’historicité de la Révélation de Dieu en Jésus-Christ, venu nous révéler le vrai visage de Dieu et le vrai visage de l’homme. Par sa mort le Christ nous a réconcilié avec le Père et a répandu sur nous l’Esprit Saint, en qui nous pouvons accéder à cette Humanité nouvelle qu’il a inaugurée en son Incarnation rédemptrice.

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