Famille de Saint Joseph

L’universalité des Evangiles

par | 13 janvier 2005

« Celui qui est assez avancé (sur le chemin initiatique) est confronté à l’image de la tentation, telle qu’elle nous est décrite dans les évangiles synoptiques, où l’on nous dit que Jésus Christ fut conduit sur une montagne et qu’on lui promit la possession des choses de ce monde. C’est la tentation de s’en tenir aux réalités extérieures, de s’attacher à la matière, bref de rester sur le seuil que défend le gardien et de ne pas le franchir. Telle est la grande image idéale qui se présenterait à nous, même si nous n’avions jamais entendu parler des évangiles : l’image de Jésus Christ sur la montagne et du Tentateur à ses côtés. Nous découvrons alors que celui qui a écrit l’histoire de la Tentation a raconté sa propre expérience ; il a vu Jésus Christ et le Tentateur par les yeux de l’esprit. Et nous savons que c’est vrai, vrai selon l’esprit, que l’auteur de l’évangile a décrit une expérience que nous pourrions faire nous aussi sans rien savoir des livres saints ».

R. Steiner, De Jésus au Christ

Selon un procédé cher à l’ésotérisme, R. Steiner nous présente les récits évangéliques comme des symboles du parcours initiatique que tout adepte doit parcourir. Le caractère historique des événements est minimisé : les faits ne sont plus que des « signes » à interpréter en un sens universel. Certes R. Steiner ne nie pas l’historicité de Jésus Christ. Mais non seulement il sépare le Christ – entité supérieure descendue des Hautes Hiérarchies célestes – et Jésus – qui se serait laisser adombrer par le Christ au moment du baptême -, mais il donne également aux événements de la vie de Notre-Seigneur une interprétation à ce point symbolique qu’ils en perdent toute épaisseur factuelle.

Selon notre auteur, l’évangéliste ne décrirait pas l’expérience spécifique du Christ, mais celle de tout homme, à commencer par la sienne ; c’est bien pourquoi chacun de nous pourrait s’y reconnaître. Les évangiles ne nous parleraient donc pas d’abord de Jésus de Nazareth, mais de notre propre histoire. Nous pourrions dès lors nous en servir comme guide pour progresser, ou comme vérification des étapes déjà franchies. R. Steiner n’hésite d’ailleurs pas à écrire : « Tout sort des profondeurs de notre nature. Nous voyons que grâce à ce qui est universellement humain, nous reproduisons les évangiles par nos propres expériences occultes et nous nous sentons pleinement d’accord avec leurs auteurs ».

Nous préférerions dire tout au contraire que le Verbe est venu assumer et à reproduit en lui notre expérience humaine, pour la conduire à son accomplissement divin dans l’amour ! La tentation et les autres événements de la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ne sont pas de simples balises nous permettant de vérifier notre propre parcours : Dieu s’est fait homme – événement unique s’il en est ! – pour transformer radicalement la condition humaine ; pour vaincre l’Ennemi qui nous tenait en esclavage – le vaincre préfigurativement au désert, et réellement dans sa Pâques – et faire de nous, dans l’Esprit Saint, les fils et les filles du Père.

Ce ne sont pas quelques « expériences occultes » qui permettront à l’homme de reproduire une telle victoire dans sa vie : cette grâce ne nous est offerte que dans la foi au Christ, unique Seigneur et Sauveur de tout homme.

R. Steiner n’est pas « serviteur de la Parole » (Lc 1, 2), mais il « utilise » les évangiles pour présenter sa propre doctrine néo-gnostique, dans laquelle le « Christ » n’a plus rien à voir avec le divin Rédempteur que nous adorons dans la foi.

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