Richard Dupuy, La foi d’un franc-maçon
Nous ne publions pas cet extrait pour analyser l’initiation franc-maçonne – nous renvoyons pour cela à notre ouvrage : « Quand le voile se déchire » – mais pour dénoncer l’utilisation abusive des Ecritures dans la présentation de cette démarche. Par deux fois Mr R. Dupuy – qui a occupé treize fois les fonctions de Grand Maître de la Grande Loge de France – se permet de glisser quelques versets de l’évangile de saint Jean dans son discours, laissant ainsi sous-entendre que son propos interprète les passages cités. Le procédé est courant dans les écoles ésotériques occidentales, qui tentent ainsi de « récupérer » à leur profit les Ecritures, et surtout les croyants ! Une fois posé l’a priori (réducteur !) que l’Evangile est uniquement symbolique, toutes les interprétations sont permises et se justifient au nom d’une soi-disant connaissance supérieure, intuitive, acquise grâce à l’illumination initiatique. Les paroles grandiloquentes ne parviennent cependant pas à cacher la pauvreté du psycho-drame initiatique, dans lequel l’illumination spirituelle est suggérée par l’éblouissement provoqué par quelques spots dirigés sur l’adepte, au moment où lui est enlevé le bandeau qui couvrait ses yeux. En fait, la mise en scène a pour but d’aider le postulant à renoncer à ses références anciennes – opinions, croyances, mais aussi sa foi – pour accéder à l’autonomie d’une raison prétendument purifiée de tout a priori. L’adepte est alors prêt à engager le travail de maçon, qui est supposé lui donner accès à la conscience de sa divinité naturelle.
Le vocabulaire, emprunté au christianisme – « Vie nouvelle », « frères », « foi », « homme nouveau » – ne devrait pas nous abuser : la voie maçonnique n’a pas grand-chose à voir avec le chemin du disciple du Christ, qui se glorifie de ses faiblesses et de la Croix de son Seigneur (2 Co 12, 9), et non de ses propres oeuvres. Le maçon, lui, prétend tout au contraire accomplir lui-même le Grand-Œuvre, ne comptant que sur ses seules forces et le soutien fraternel de ceux qui avancent avec lui sur le chemin royal de la théurgie (auto-divinisation de l’homme). R. Dupuy précise en effet que le maçon doit d’abord acquérir « la maîtrise du moi par l’identification de son microcosme individuel au macrocosme cosmique »
; puis, « ayant réussi à s’exalter aux dimensions du monde, c’est de l’intérieur qu’il travaille à son perfectionnement »
. Cette dernière citation permet de situer la doctrine franc-maçonne dans la famille des naturalismes ésotériques, dont l’idéologie est incompatible avec la Révélation évangélique, comme nous avons déjà pu maintes fois le montrer.