Famille de Saint Joseph

L’énergie christique

par | 20 avril 2004

« Le Christ est la force d’évolution primordiale de la création. Cette énergie divine que nous désignons sous le nom de “Christ” est la puissance de la vie, de l’amour, de l’intelligence qui maintient toute la création dans l’existence. Cette force existe à tous les niveaux du réel, mais les modalités de sa manifestation diffèrent : la manifestation du Christ au niveau de la planète, ou à l’intérieur d’une rose est différente de celle qui existe en l’homme, mais l’énergie est la même ; elle est omniprésente.

Le Christ peut être considéré comme l’âme de l’univers ; l’énergie qui synthétise, guide et dirige l’évolution. Il constitue le lien entre l’esprit divin – le Soi unique et indivisible – avec la vie divine qui se manifeste dans la variété et la complexité infinies des forces qui constituent la création telle que nous la connaissons. »

David Spangler, Reflections on the Christ

Le croyant ne peut qu’être interloqué devant de telles affirmations! Il est clair que le Christ dont parle David Spangler – qui fut durant plusieurs années coresponsable de la communauté de Findhorn – n’a plus rien à voir avec le Christ des Evangiles. Il s’agirait selon notre auteur, d’une force impersonnelle qui unit les contraires au sein de l’Un indivisible. Cette énergie divine serait à la fois immanente et transcendante ; elle constituerait l’essence même de l’esprit aussi bien que de la matière, et sa mission sur notre Terre, à ce moment précis son évolution, consisterait à libérer les hommes de l’illusion de la dualité, pour les introduire dans la conscience de l’Unité de toutes choses en Dieu.

L’« incarnation du Christ » signifie selon D. Spangler, la descente de cette énergie sur notre planète et plus encore sur notre humanité. Quant à la doctrine de la Rédemption accomplie sur la croix, il faudrait la comprendre selon lui au sens ésotérique : « La croix doit être interprétée comme le symbole de la relation dynamique entre l’esprit et la matière, l’espace et le temps, qui constituent les conditions de notre univers planétaire quadridimensionnel. Le sang rédempteur doit être interprété comme l’énergie vitale du Christ répandue en abondance sur notre monde relatif, stimulant ainsi la découverte du divin immanent ».

Cet événement d’importance cosmique, est censé marquer le passage dans un nouvel âge, au cours duquel les hommes non seulement sortiraient de la pensée dualiste et parviendraient à la conscience de l’unité de l’esprit et de la matière, mais au cours duquel ils réaliseraient également l’unification des innombrables individualités en une seule conscience collective. La conscience christique serait pleinement réalisée dans la conscience de groupe de cette humanité surhumaine, qui aurait définitivement transcendé l’illusion du multiple et résolu le conflit entre le divin immanent et le Dieu transcendant.

On trouve peu de choses sur la figure historique de Jésus, et pour cause : l’interprétation de notre auteur est parfaitement anhistorique comme le sont toutes les lectures ésotériques des Evangiles. Jésus est présenté par D. Spangler comme le premier homme en qui l’énergie christique se serait parfaitement « incarnée », assumant « la conscience humaine et la chair de Jésus ». C’est ainsi que oint de la conscience universelle divine, Jésus serait devenu le Christ, entendons le premier être humain à avoir rejoint cet état christique auquel l’humanité toute entière devrait accéder au cours du Nouvel Age qui s’annonce.

L’interprétation christique et peu chrétienne de l’Evangile proposée par D. Spangler n’est pas vraiment originale. Elle s’inscrit dans la ligne des efforts de « récupération » de la personne de Jésus-Christ déployés par bon nombre d’écoles ésotériques, qui cherchent à intégrer la Révélation néo-testamentaire dans leurs doctrines néo-gnostiques.

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