Au début de l’Évangile, deux royautés, deux paternités, sont construites en regard. Joseph et Hérode. Le fils de David et l’usurpateur. Le doux et le cruel. On peut les distinguer par leur rapport à la Parole. L’un et l’autre permettent d’identifier Jésus : Joseph accueille le message de l’ange, Hérode transmet la prophétie pour renseigner les mages. Mais saint Joseph se soumet silencieusement, il part dans la nuit, prenant l’enfant et sa mère. Hérode manipule la Parole à des fins personnelles : assassiner l’héritier dangereux.
Alors que le plan pervers d’Hérode ne fera pas obstacle à l’accomplissement de la prophétie, l’obéissance filiale de saint Joseph participera à sa réalisation. Hérode est joué par les mages, Joseph est l’acteur principal du prologue de Saint Matthieu. Ainsi apparaît-il que le saint patriarche ne conduit pas Jésus en Égypte pour le protéger d’Hérode (le roitelet ne représente pas une telle menace qu’il faille traverser le désert pour s’en protéger), mais pour placer Jésus en situation de reconnaître l’appel de son Père éternel, selon qu’il est écrit : « D’Égypte, j’ai appelé mon fils » (Mt 2,15). Tout acte de saint Joseph révèle la paternité de Dieu.