La maternité, en tant que fait et phénomène humain, s’explique pleinement à partir de la vérité sur la personne. La maternité est liée à la structure personnelle de l’être féminin et à la dimension personnelle du don. (…) Pour la femme, ce fait se relie d’une manière spéciale à un don désintéressé de soi. Les paroles de Marie à l’annonciation : « Qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1,38) signifient la disponibilité de la femme au don de soi et à l’accueil de la vie nouvelle. (Jean-Paul II, Mulieris dignitatem, 18)
La maternité est la forme de la présence de la femme. La femme se caractérise par le souci de la qualité des relations, lesquelles naissent et vivent du don de soi. La vocation de Marie est alors d’être mère de tous les hommes, c’est-à-dire qu’elle donne la vie dans la pauvreté du cœur et l’ouverture à l’Esprit-Saint comme puissance de vie. Marie enfante à la vie de ressuscité. « Femme, voici ton fils. » Cependant, aucune femme, pas même la Vierge Marie, ne peut envisager la maternité sans qu’un homme ne s’engage envers elle dans un amour fidèle. Dès lors, en désignant le disciple devenu fils, Jésus évoque implicitement l’époux nécessaire à la Mère : Jésus situe la Sainte Vierge dans une alliance. Il s’agit assurément de l’alliance nouvelle que scelle le nouvel Adam avec l’Église. Mais peut-il subsister, pour l’exercice de la maternité universelle de Marie, quelque chose du mariage avec Joseph ? Peut-on évoquer cette alliance nuptiale aux jours de la résurrection, alors que Joseph n’est plus ? Nous avons vu comment la virginité de Marie, épouse de Joseph, nous introduit au cœur de la nouvelle alliance. Or Jésus, « fils de Marie » (Mc 6,3), « fils de Joseph » (Lc 4,22), vient d’une origine échappant aux hommes : « Vous me connaissez ? Et vous savez d’où je suis ? Je ne suis pas venu de moi-même : mais il est véridique, celui qui m’a envoyé, lui que vous ne connaissez pas. Moi, je le connais parce que je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé. » (Jn 7,28-29). Ainsi, l’origine humaine de Jésus de Nazareth, signifiée par la présence de Marie et de Joseph, traduit et cache son origine divine. D’une autre manière, l’humanité glorifiée du ressuscité dévoile et dissimule la divinité de Jésus : « il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. » (Lc 24,40-41) Avant et après la résurrection, seuls les yeux de la foi ouvrent au mystère de Jésus-Christ. De même, à Nazareth, la vie conjugale de Marie et de Joseph, marquée par le renoncement, exprime la vérité de l’amour auquel Dieu les appelle pour le temps et pour l’éternité, tant il est vrai que « les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance » (Rm 11,29) et que, selon l’enseignement de saint Jean-Paul II, les époux sont « co-appelés » :La voie de l’appel à la pureté du cœur, comme l’exprime le discours sur la montagne, est dans chaque cas une réminiscence de la solitude originelle dont l’homme a été libéré par l’ouverture à l’autre être humain, à la femme. En fin de compte, la pureté de cœur s’exprime par le regard vers l’autre sujet qui est originellement et éternellement « co-appelé ». (Audience générale du 3 décembre 1980)
Ainsi, Marie et Joseph ont vécu, ensemble, le renoncement signe de leur attente du fils de la Promesse. Leur pureté a inscrit ce fils dans une filiation humaine, la maison de David. Toute leur vie est vouée au service de cet enfant divin et cet appel conjoint demeure après la résurrection et après l’assomption. Comme toute épouse, la vocation de Marie est la fidélité à l’amour auquel elle s’est consacrée par son alliance nuptiale. Comme tout époux, Joseph est consacré au service de son épouse dans la pureté du cœur. Dès lors, à l’Annonciation comme à la Croix, l’annonce faite à Marie de sa maternité prochaine s’inscrit sur le fond de la consécration de Joseph à la virginité de son épouse. « Femme, voici ton fils. » « Puis il dit du disciple : “Voici ta mère.” » (Jn 19,27) Le temps de la résurrection nous rappelle que nous sommes des êtres de naissance. Il nous revient d’accueillir le ministère de Marie et de Joseph sur nous, de grandir en sagesse et en grâce (cf. Lc 2,52) pour que toute femme découvre son appel à vivre l’alliance jusqu’à faire de sa personne une demeure de paix et que tout homme s’engage dans la pureté jusqu’à l’union au cœur de Jésus. En effet, « le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » (Lc 24,34) Le Seigneur est ressuscité même pour Simon qui le renia, même pour nous qui avons si souvent suivi le monde quand le Christ nous appelait sur le chemin de l’évangile. Bienheureux choisit de renaître d’en haut, en Jésus, par Marie et par Joseph.Téléchargez la Parole pour Vivre le mois de mai 2018