Giovanni Battista Montini est né le 26 septembre 1897 à Concesio, ville de Lombardie (province de Brescia, Italie) dans une famille profondément chrétienne et engagée. De santé fragile, l’enfant est obligé de suivre sa scolarité à domicile. Après avoir quelque temps songé à la vie religieuse, le jeune Giovanni entre au séminaire en septembre 1916 ; mais il ne peut pas suivre les cours et la vie commune avec ses confrères séminaristes : sa formation sera à nouveau solitaire, à la maison, où quelques prêtres viennent l’assister.
G. B. Montini est ordonné prêtre le 29 mai 1920. Son état de santé ne lui permettant pas d’assurer une charge pastorale en paroisse, son évêque Mgr Gaggia décide de l’envoyer compléter ses études à Rome, où il fréquente l’université pontificale de la Grégorienne ainsi que l’université d’État de la Sapienza. Il entre ensuite à l’Académie chargée de la formation des clercs destinés au service diplomatique du Saint-Siège, où il obtient un doctorat en droit canon (9 décembre 1922).
Le jeune prélat commence sa carrière diplomatique à Varsovie en tant qu’attaché à la nonciature (1923). Mais l’année suivante, alors qu’il n’a que vingt-sept ans, il est appelé à la secrétairerie d’État. Il assure en même temps un enseignement d’Histoire de la diplomatie pontificale et un cours d’Introduction au dogme catholique à l’Université du Latran. En 1937, il est nommé par Pie XI substitut aux Affaires ordinaires, ce qui fait de lui un proche collaborateur du Pape, chargé des relations du Saint-Siège avec les grands organismes de l’Église.
Le 2 mars 1939, le cardinal Pacelli succède à Pie XI sous le nom de Pie XII, dont Mgr Montini deviendra le collaborateur direct pour les affaires ordinaires, chargé de rédiger un certain nombre de discours, allocutions ou messages destinés à des personnalités ou pèlerins de passage au Vatican. Il seconde également le souverain pontife dans la rédaction des Lettres encycliques et autres grands textes pontificaux.
En novembre 1952, ayant refusé la barrette de cardinal, Mgr Montini est nommé pro-secrétaire d’État. Le philosophe et ami du futur Paul VI, Jean Guitton, est de ceux qui pensent que Pie XII lui aurait lui-même « suggéré » de renoncer à cette promotion, ne désirant pas le voir figurer parmi ses successeurs potentiels en raison de divergences de vue sur les relations de l’Église avec le monde. De fait, Mgr Montini acceptera la barrette lorsque Jean XXIII la lui proposera. À la mort du cardinal Schuster, Pie XII nomme Mgr Montini archevêque de Milan. La consécration épiscopale est célébrée le 12 décembre 1954 en la Basilique Saint-Pierre. Malgré le caractère prestigieux de cette Église (le plus important diocèse d’Italie) dirigée traditionnellement par un cardinal, le prélat ressent cette nomination comme un éloignement de Rome, dont il souffrira longtemps. Après le décès du pape Pie XII le Conclave élit le 28 octobre 1958 le patriarche de Venise, le cardinal Roncalli, qui prend le nom de Jean XXIII. Cet ancien diplomate du Vatican (en Bulgarie, en Turquie et en France), est un proche de Mgr Montini, avec lequel il avait été en contact direct dès le début de sa carrière. Aussi le nouveau Pape le crée-til cardinal dès son premier consistoire, le 15 décembre de la même année ‘58.
Le 25 janvier 1959, à la surprise générale, Jean XXIII annonce officiellement son intention de rassembler un Concile oecuménique, afin de prolonger les travaux du Concile Vatican I, interrompu en 1870. Mais le « bon pape Jean » meurt le 3 juin 1963.
Le 21 juin, le cardinal Montini est appelé par les cardinaux à lui succéder : il a 65 ans. Il choisit le nom de Paul VI, en hommage à l’Apôtre évangélisateur saint Paul, et au pape Paul V qui avait mis en oeuvre les décisions du concile de Trente. Sans attendre, le 29 septembre 1963 il convoque et ouvre la deuxième session du Concile, qu’il dirigera jusqu’à son terme le 8 décembre 1965.
Âgé de 80 ans et souffrant d’arthrose, attristé par les nombreux départs de prêtres et de religieux dans la difficile période post-conciliaire, Paul VI est victime d’une crise cardiaque le 6 août 1978, le jour de la Transfiguration du Christ. Son procès en béatification a été ouvert en 1993 ; le pape Benoît XVI proclamait l’héroïcité de ses vertus le 20 décembre 2012 ; enfin le pape François le béatifiait le 19 octobre 2014 à l’issue du Synode des Évêques sur la famille. Ce contexte est sans doute à mettre en relation avec l’Encyclique la plus controversée de Paul VI : Humanae Vitae (25 juillet 1968) sur le mariage et la régulation des naissances. Le miracle retenu pour sa béatification est également significatif : la guérison déclarée « inexplicable » d’un enfant à naître, dont la mère avait refusé l’avortement thérapeutique, s’en remettant à l’intercession de Paul VI.
Auteur de sept Lettres encycliques et de douze Exhortations apostoliques, ce pape réputé triste, est néanmoins considéré par l’historien Henri Tincq comme « l’inventeur de la papauté moderne ». De fait, même si son style personnel, plutôt effacé, n’était pas particulièrement médiatique, ses interventions ont néanmoins marqué les esprits. On se souvient de son appel : « Plus jamais la guerre ! Plus jamais la guerre ! C’est la paix, la paix, qui doit guider le destin des peuples et de toute l’humanité », lancé depuis la tribune de l’ONU le 4 octobre 1965 ; de ses efforts constants pour promouvoir la paix par le développement (Encyclique Populorum progressio, 1967) ; sans oublier son souci de l’unité des chrétiens : le baiser de paix donné au patriarche Athénagoras de Constantinople lors de son voyage en Terre sainte en 1964, après mille ans de division entre Orient et Occident, reste dans toutes les mémoires. Bien avant les rencontres d’Assise, il dialoguait avec les responsables des autres grandes Traditions religieuses et développait les relations avec le judaïsme. Enfin le texte magistral sur la mission, Evangelii nuntiandi, reste le document de référence pour la nouvelle évangélisation, cité par ses successeurs : Jean-Paul II, Benoît XVI et François.
C’est également Paul VI, de constitution pourtant si fragile, qui initia la pratique des voyages apostoliques : il fut le premier Pape depuis Pie VI (+ 1799) à quitter le Vatican. Son premier déplacement (en avion : une autre première !) fut pour la Terre Sainte (du 4 au 6 janvier 1964). Il fut également le premier Pape à se rendre en Inde, à l’occasion du 38ème Congrès eucharistique international qui se tenait à Bombay en ’64. L’année suivante il sera le premier Pape à fouler le sol de l’Amérique. Son quatrième voyage fut pour Fatima, à l’occasion du cinquantième anniversaire des apparitions de la Vierge Marie (1967). Istanbul et Éphèse (1967) ; Bogota et Medellin (1968) ; Genève (1969) ; Ouganda (1969) ; et enfin : les Philippines (Manille où le Pape échappa à une tentative d’assassinat), Samoa, Australie, Indonésie, Hong-Kong et Sri-Lanka (du 26 nov. au 4 déc. 1970) : en tout neuf grands voyages hors de l’Italie – car bien sûr il en effectua un bon nombre dans la Péninsule. Le Pape aurait partagé à un de ses proches : « Vous verrez le nombre de voyages qu’entreprendra mon successeur ! » Cette parole prophétique semble confirmer que Paul VI avait pleinement conscience d’inaugurer un nouveau « style » de pontificat.