Famille de Saint Joseph
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4. Saint-Joseph de Mont-Luzin et Notre-Dame de Lourdes

par | 19 mars 2007

Demeurรฉes cรฉlibataires, les trois Demoiselles Lacour consacrรจrent leur vie et leur fortune aux ล“uvres de charitรฉ. Elles appelรจrent dโ€™abord dans la paroisse de Chasselay les Filles de Saint Vincent de Paul, crรฉรจrent au chรขteau une ยซ pharmacie ยป, cโ€™est-ร -dire une rรฉserve de mรฉdicaments pour les malades, et qui รฉtaient distribuรฉs gratuitement aux pauvres, selon leurs besoins. Quelque trois ans aprรจs leur arrivรฉe, les Filles de saint Vincent de Paul se retirรจrent. Les Demoiselles Lacour dรฉcidรจrent de continuer elles-mรชmes leur ล“uvre de charitรฉ sociale : une sorte de dispensaire fonctionna alors au chรขteau conjointement avec la pharmacie, et elles sโ€™en allaient soigner ร  domicile les malades pauvres qui ne pouvaient monter jusquโ€™ร  Mont-Luzin. Elles firent construire aussi dans la cour de la propriรฉtรฉ une chapelle ร  lโ€™usage de tous les familiers et des travailleurs du vignoble et des champs ; un prรชtre รขgรฉ la desservait : lโ€™abbรฉ Blanc.


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La ยซย pharmacieย ยป
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Depuis quโ€™elles avaient entendu parler des apparitions de la Sainte Vierge ร  la grotte de Massabielle, les Demoiselles Lacour rรชvaient de se rendre ร  Lourdes. En 1862, le rรชve devint rรฉalitรฉโ€ฆ On voyagea partie en chemin de fer, partie en diligence ; lโ€™expรฉdition fut รฉprouvante, et lโ€™aรฎnรฉe, Cรฉsarine, tomba dangereusement malade. Cahin-caha, on atteignit Lourdes et on prit logis dans la premiรจre hรดtellerie qui se prรฉsenta. Avertie des infortunes de nos voyageuses, la Supรฉrieure de lโ€™Hospice des Sล“urs de Nevers, Mรจre Alexandrine Roques, se rendit auprรจs dโ€™elles ; et, constatant lโ€™รฉtat de la malade, elle offrit de la transporter ร  lโ€™Hospice, lโ€™installa dans une chambre rรฉservรฉe ร  la Communautรฉ des Sล“urs, et, pendant un mois, la soigna avec grand dรฉvouement. Guรฉrie, Cรฉsarine put reprendre la route de Mont-Luzin. Peu aprรจs son retour, elle retombait malade. Elle mourut le 5 fรฉvrier 1863.

A Lourdes, les trois sล“urs Lacour avaient rencontrรฉ plusieurs fois lโ€™Abbรฉ Peyramale ; elles sโ€™รฉtaient entretenues aussi avec Bernadette qui, pour lors, rรฉsidait ร  lโ€™Hospice. Lourdes devint pour elles un haut-lieu spirituel. Dรจs juillet 1863, Marie-Elfride et Marie-Sabine allรจrent de nouveau ร  Lourdes : au moment du dรฉpart, lโ€™idรฉe leur vint quโ€™une statue ยซ reprรฉsentant dโ€™une maniรจre aussi exacte que possible lโ€™habillement et la pose de lโ€™Apparition ยป, remplacerait avantageusement la modeste Vierge de plรขtre que les bonnes gens de Lourdes avaient juchรฉe dans la niche du rocher de Massabielle. Par lโ€™entremise du Curรฉ Peyramale, elles transmirent leur projet ร  Monseigneur Laurence et, en mรชme temps, lui proposaient de confier ce travail ร  Joseph Fabisch, un sculpteur lyonnais considรฉrรฉ alors comme un des maรฎtres de lโ€™art religieux : nโ€™avait-il pas dรฉjร  crรฉรฉ les statues de la Salette et de Fourviรจre ?

La proposition fut acceptรฉe, les accords conclus. Fabisch envoya dโ€™abord un questionnaire ร  Bernadette puis il sโ€™en fut lโ€™interroger sur place. A son retour, il se mit ร  lโ€™ล“uvre. Il crรฉa une maquette, dont il soumit la photographie ร  Bernadette et ร  lโ€™Abbรฉ Blanc et aux Demoiselles Lacour. Cโ€™est cette maquette qui, selon une tradition bien รฉtablie, est conservรฉe aujourdโ€™hui encore ร  Mont-Luzin : la Vierge y apparaรฎt certainement plus souple, plus naturelle que dans la statue dรฉfinitive. Cependant Bernadette critiqua ce premier essai : ยซ La figure ne paraรฎt pas assez jeune, ni assez souriante, transmet lโ€™Abbรฉ Peyramale, le 30 novembre. Du cรดtรฉ droit, le voile est collรฉ contre la tรชte et le cou, dessinant une courbe de la tรชte ร  lโ€™รฉpaule. Du cรดtรฉ gauche, il ne couvre pas lโ€™รฉpaule, et puis des deux cรดtรฉs, il va se plisser en sโ€™engageant sous les bras. Dโ€™aprรจs Bernadette, le voile descendait perpendiculairement, uniment, couvrant les deux รฉpaules et les coudes. La robe nโ€™est pas assez montante (โ€ฆ) : le cou est trop dรฉcouvert dans la partie infรฉrieure. Les mains รฉtaient plus jointes, les doigts appliquรฉs les uns contre les autres ; le pied gauche paraรฎt un peu trop รฉcartรฉ (โ€ฆ). Le chapelet a รฉtรฉ oubliรฉ. ยป Fabisch corrigeaโ€ฆ comme il le put ; mais, en la corrigeant, il enleva ร  son ล“uvre une certaine grรขce naรฏve. La statue de marbre est ยซ plus belle ยป, selon les rรจgles acadรฉmiques ; on peut lรฉgitimement la trouver ยซ plus froide ยป. ยซ Ce nโ€™est pas Elleโ€ฆ dit un jour Bernadette. Dโ€™ailleurs on ne peut pas faire comme cโ€™รฉtait ! ยป Le marbre est le marbre : le 4 avril lundi de Quasimodo 1864, fรชte de lโ€™Annonciation (dรฉplacรฉe en raison de la liturgie de Pรขques), la statue de Fabisch fut placรฉe dans sa niche et inaugurรฉe : ce jour-lร  le sermon fut prononcรฉ par lโ€™Abbรฉ Alix, cรฉlรจbre prรฉdicateur parisien, ami des Demoiselles Lacour.


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Les deux vierges de Fabish, avant et aprรจs corrections
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Le don de la statue de la grotte ne fut pas le seul tรฉmoignage de lโ€™attachement des Demoiselles Lacour ร  Lourdes. En 1864, elles accueillirent ร  Mont-Luzin lโ€™Abbรฉ Peyramale convalescent ; elles lui offrirent de faire le pรจlerinage de Rome en compagnie de lโ€™Abbรฉ Blanc ; elles firent don ร  lโ€™Evรชchรฉ de Tarbes du chalet quโ€™elles avaient fait construire, pour leurs sรฉjours ร  Lourdes, dans la prairie de Monsieur Lafitte : il sera transformรฉ plus tard en ยซ chalet รฉpiscopal ยป. Dรจs lors, Lourdes et Mont-Luzin รฉtaient รฉtroitement liรฉs.

Marie-Elfride et Marie-Sabine Lacour, sur la lancรฉe de leur dรฉvouement pour les pauvres, se dรฉpouillaient peu ร  peu de leurs biens ou prenaient des dispositions testamentaires en leur faveur. En mourant, Cรฉsarine avait dit ร  ses sล“urs : ยซ Je ne fais pas de testament, mais je pense que vous nโ€™oublierez jamais les Sล“urs de Nevers ยป. En 1867, Marie-Elfride mourait ร  son tour. Marie-Sabine, en accord avec les intentions de ses aรฎnรฉes, rรฉdigea ainsi son ยซ testament mystique ยป : ยซ Je donne et lรจgue ร  la communautรฉ des Sล“urs de la Charitรฉ, dont la maison-mรจre est รฉtablie ร  Nevers, toute ma propriรฉtรฉ de Mont-Luzin (โ€ฆ). A la charge par elle dโ€™รฉtablir dans la maison lรฉguรฉe une pharmacie oรน les remรจdes seront ร  la disposition de tous, mais ne seront livrรฉs gratuitement quโ€™aux pauvres de Chasselay, dโ€™entretenir un aumรดnier dans cette maison pour les religieuses de leur ordre qui devraient y sรฉjourner en nombre suffisant pour secourir ร  domicile les malades pauvres de Chasselay et leur fournir gratuitement les remรจdes accessoires (car tel sera leur soin principal) autant que les ressources provenant du legs le leur permettront, et dont elles seront les seuls juges, sans que personne ait le droit dโ€™exercer un contrรดle ou de sโ€™immiscer dans leur gestion ยป. Par le mรชme testament, Marie-Sabine Lacour crรฉait des bourses pour les รฉlรจves du Grand Sรฉminaire de Lyon et ceux du Sรฉminaire des Missions Etrangรจres de Paris ; elle assurait la retraite de lโ€™Abbรฉ Blanc, faisait un don ร  lโ€™Ecole des Frรจres de Chasselay, sโ€™intรฉressait aux ouvriers agricoles du domaine.

Le 19 novembre 1868 parvenait au Couvent Saint Gildard une lettre de lโ€™Abbรฉ Blanc, par laquelle il annonรงait la mort de Marie-Sabine Lacour et le legs gรฉnรฉreux de Mont-Luzin ร  la Congrรฉgation. Mรจre Gรฉnรฉrale Josรฉphine Imbert nโ€™avait jamais entendu parler de lโ€™aventure des Demoiselles Lacour, ร  Lourdes, en 1862โ€ฆ Ce fut pour elle une ยซ hallucination ยป, รฉcrit Monseigneur Grosnier. Mais les piรจces รฉtaient lร  : non, ce don nโ€™รฉtait pas un mythe.

Les dรฉmarches administratives et juridiques durรจrent trois ans. Ce nโ€™est quโ€™en 1872 que la Congrรฉgation des Sล“urs de Nevers entra lรฉgalement en possession de Mont-Luzin.

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