Famille de Saint Joseph

L'évangile d'Arès

par | 26 février 2006

« Mouhamad, mon Messager venu avant toi a enseigné que Jésus n’est pas Dieu, que ceux qui croient cela sont impies. Ma Main a oint les lèvres de mon Messager ; son enseignement est vrai : l’homme Jésus n’est pas Dieu, c’est le Christ qui est Dieu, c’est Moi né de Jésus, né de Marie. Un espace plus long que le soleil va de Jésus au Christ, la distance infinie qui sépare la terre du Ciel il l’a parcourue, parce qu’il a mis ses pas dans Mes Pas, il ne s’en est jamais écarté, il s’est embrasé de Mon Amour pour l’homme, son frère et comme une fumée pure il s’est élevé vers Moi ; il a accompli en un an, le temps d’un battement d’ailes, ce que le monde pour son salut accomplit dans les siècles des siècles. Je l’ai fondu en Moi ; J’en ai fait un Dieu ; il est devenu Moi » (XXXII, 1-2.5).

Fr Michel, La révélation d’Arès

Ces quelques lignes sont extraites de « l’Evangile » donné par « le Christ » au fr Michel, entre le 15 janvier et le 13 avril 1974, à Arès, sur les rivages du Bassin d’Arcachon. C’est là que le Père Michel Potay – prêtre orthodoxe – s’est retiré avec son épouse Christiane, après avoir donné sa démission comme représentant exarchal en Occident de l’Eglise orthodoxe vivante. Vocation tardive, cet ex ingénieur et athée se convertit en 1964 à la foi chrétienne après un passage dans l’ésotérisme. De 1969 jusqu’à sa démission en 1973, il est titulaire de l’Eglise de la Sainte Trinité, centre orthodoxe régional nouvellement créé dans l’ancien couvent des Sœurs de l’Assomption à Bourges. Les 40 apparitions nocturnes en 88 jours vont bouleverser ses convictions religieuses et pour cause : « le message de Dieu pour les hommes d’aujourd’hui » que Jésus lui dicte de vive voix, n’a plus grand-chose à voir avec le dogme chrétien, comme la citation le laisse pressentir. C’est finalement « le Christ lui-même qui lui ordonne en termes de colère, de quitter l’église et son clergé ».

Il est difficile de donner un aperçu de cette soi-disant révélation, qui met sur un pied d’égalité les prophètes Abraham, Moïse, Mohammed et fr Michel, à qui Dieu est apparu et a parlé. Quant à Jésus, la citation rapportée affirme clairement qu’il n’est pas Dieu. Le commentaire précise :

« Dieu n’a pas de fils consubstantiel. Jésus n’est qu’un homme ; le Dieu crucifié est une invention des docteurs délirants. Dieu a fondu Jésus en lui, en a fait un Dieu, au sens du retour de l’homme à “l’image et à la ressemblance” divine, à quoi tout croyant est appelé. Quiconque s’élève en foi et en prophétisme comme Jésus, est Christ par analogie, bien qu’il soit habituel de donner ce titre à Jésus seul. »

Il serait intéressant de voir quand et dans quelles circonstances M. Potay a pris connaissance de la religion islamique, dont l’influence se fait largement ressentir dans ses « révélations ». Citons encore la critique de la Trinité :

« Bannis les docteurs dont l’ignorance m’est un dégoût. Ils m’ont façonné un Dieu à trois têtes pour étonner les faibles, les faire trembler sous leur oracle ; ils ont décidé de ma pitié et de mon châtiment selon les œuvres en discours interminables, énigmatiques »(XXIII, 7).

Dans un style qui annonce déjà les délires contemporains d’un Da Vinci Code, le commentaire ajoute :

« L’invention de la trinité à Nicée, en 325, n’est pas naïve. En décrétant une sorte de hiérarchie en Dieu, qui serait trois personnes, l’église voulait justifier à la fois sa légitimité “divine” et sa propre hiérarchie, selon la fausse logique que voilà : au Père, au fils et au saint-esprit, feraient suite les grands “inspirés” du saint-esprit : papes, évêques, puis par ordre décroissant les prêtres, les moines, les fidèles. »

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