Famille de Saint Joseph

Remettre ses croyances en question

par | 26 janvier 2006

ยซ Remettre en question ses propres croyances personnelles et se sรฉparer des personnes qui ne nous apportent plus aucun appui dans notre dรฉmarche de croissance peut รชtre difficile, voire douloureux. La transformation est lโ€™essence mรชme de la vie ; tout est constamment en mouvement, que ce soit ร  lโ€™intรฉrieur ou autour de soi. Remettre ses croyances en question constitue une nรฉcessitรฉ sur les plans spirituel et biologique. Notre corps physique, notre esprit et notre รขme doivent se nourrir de nouvelles idรฉes afin de sโ€™รฉpanouir. Les moments de crise nous indiquent quโ€™il est temps de se dรฉlester des croyances qui ne contribuent plus ร  notre dรฉveloppement personnel. Cโ€™est alors quโ€™il nous faut choisir entre le changement et la stagnation, ce qui constitue un des dรฉfis les plus importants quโ€™il nous sera donnรฉ de relever au cours de notre existence. Une nouvelle croisรฉe des chemins sur notre parcours nous signale que nous allons entamer un nouveau cycle de transformation, quโ€™il sโ€™agisse dโ€™adopter un nouveau rรฉgime de santรฉ ou dโ€™entreprendre une nouvelle pratique spirituelle. Cโ€™est ร  cette occasion quโ€™il nous faut apprendre ร  laisser derriรจre nous certaines personnes qui nous ont รฉtรฉ proches et continuer notre route vers dโ€™autres รฉtapes de la vie. ยป

Caroline Myss, Anatomie de lโ€™esprit

Voilร  un discours hautement ambigu, mรฉlangeant subtilement des domaines qui sont sans commune mesure. Quโ€™il soit bon de changer de rรฉgime alimentaire lorsquโ€™il est inadaptรฉ, de changer dโ€™habitat sโ€™il sโ€™avรจre nocif, de changer dโ€™orientation professionnelle si notre mรฉtier nโ€™a plus dโ€™avenir, tout cela relรจve du simple bon sens. Sans doute tout changement implique-t-il une rupture, et lโ€™arrachement sera-t-il dโ€™autant plus onรฉreux que le mode de vie antรฉrieur est davantage enracinรฉ dans un ensemble dโ€™habitudes que chacun partage avec son groupe dโ€™appartenance. Que dans ces changements inรฉvitables nous soyons amenรฉs ร  quitter certaines personnes pour nouer dโ€™autres relations relรจve aussi des รฉvolutions normales. A condition toutefois de prรฉciser quโ€™il ne sโ€™agit pas de personnes avec lesquelles nous avons contractรฉ une alliance : รฉpoux, รฉpouse, enfants ร  charge.

Or lโ€™extrait citรฉ est รฉtonnamment centrรฉ sur lโ€™individu, dont lโ€™รฉvolution devrait primer sur tous les engagements pris. Tel est bien le sentiment qui ressort de la lecture de lโ€™ouvrage de lโ€™auteur bien connu des milieux du Nouvel Age et des ยซ nouvelles psychologies ยป. Rien ne devrait entraver lโ€™รฉpanouissement individuel, car dans la perspective ยซ transpersonnelle ยป, notre principale mission serait de dรฉvelopper pleinement notre potentiel humain, ce qui รฉquivaudrait ultimement ร  rรฉaliser notre nature divine immanente. Dโ€™oรน la trรจs grande libertรฉ prรฉconisรฉe par Caroline Myss eu รฉgard aux croyances et pratiques religieuses, qui ne seraient que des dรฉformations de lโ€™unique spiritualitรฉ universelle, car

ยซ La religion est une expรฉrience de groupe, dont le but est de protรฉger lโ€™individu des menaces de nature matรฉrielle : de la maladie, de la pauvretรฉ, de la mort, des bouleversements sociaux et mรชme de la guerre. La religion est ancrรฉe dans les รฉnergies des chakras infรฉrieurs, alors que la spiritualitรฉ au contraire, est une expรฉrience individuelle dont le but est de sโ€™affranchir des peurs qui habitent le monde matรฉriel et dโ€™รฉtablir un lien avec le divin. ยป

On comprend quโ€™avec une telle conception de la religion, lโ€™entrรฉe dans la vie spirituelle commence par le dรฉpassement et lโ€™abandon dรฉfinitif de toute forme de religion. Voilร  pourquoi le systรจme de croyance nโ€™a aucune importance : que chacun choisisse celui qui lui convient en fonction de son รฉvolution personnelle, mais en gardant surtout la libertรฉ dโ€™en changer lorsque la nรฉcessitรฉ sโ€™en fera ressentir. Pour sa part, C. Myss prรฉtend modestement avoir rรฉalisรฉ la synthรจse des grandes traditions spirituelles – hindoue, juive, bouddhiste et chrรฉtienne – dans un programme thรฉurgique (auto-divinisation de lโ€™individu), qui est un lieu commun des courants de pensรฉes appartenant au nouveau paradigme :

ยซ Les Ecritures sont en nous. La Divinitรฉ est en nous. Nous sommes la Divinitรฉ. Nous sommes lโ€™Eglise, la synagogue, lโ€™ashram. Il suffit que nous fermions les yeux pour sentir que lโ€™รฉnergie qui รฉmane des sacrements, des sefirรดt et des chakras est ร  lโ€™origine de notre propre force. ยป

Nous sommes cependant obligรฉs de constater que cette unification ne se rรฉalise quโ€™au prix de simplifications outranciรจres qui trahissent les traditions convoquรฉes – en particulier le judรฉo-christianisme. Car le commun dรฉnominateur de cette spiritualitรฉ universelle se prรฉsente – Nouvel Age oblige ! – comme un naturalisme, dont les axiomes demeureront toujours incompatibles avec la Rรฉvรฉlation chrรฉtienne.

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