Famille de Saint Joseph
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Tout homme est un mage en puissance

par | 11 avril 2005

Je suis comme un arbre qui devient conscient que ses racines sโ€™enfoncent profondรฉment dans la terre.
Les pouvoirs quโ€™on appelle la magie reprรฉsentent une partie de ce monde souterrain : pouvoirs de seconde vue, de prรฉ-vision, de tรฉlรฉpathie, de divination.
Ils ne sont pas nรฉcessairement importants pour notre รฉvolution ; la plupart des animaux les possรจdent, et nous ne les aurions certes pas laissรฉs tomber en dรฉsuรฉtude sโ€™ils avaient รฉtรฉ vraiment essentiels.
Mais arrivรฉs ร  notre stade dโ€™รฉvolution, il est important pour lโ€™homme de connaรฎtre ses โ€œracinesโ€, son monde intรฉrieur, afin dโ€™รฉchapper, en quelque sorte, ร  cette image de lui-mรชme quโ€™il sโ€™est forgรฉe et qui fait de lui un pygmรฉe pensant.
Il doit reprendre conscience quโ€™il est un โ€œmageโ€ en puissance, un de ces personnages magiques qui peut dรฉclencher la foudre et commander aux esprits.
Les grands artistes et les poรจtes lโ€™ont toujours su.
On pourrait rรฉsumer ainsi le message des symphonies de Beethoven : โ€œLโ€™homme nโ€™est pas petit ; il est seulement sacrรฉment paresseuxโ€.
Notre civilisation ne pourra guรจre รฉvoluer tant que lโ€™occulte ne sera pas un fait reconnu au mรชme titre que lโ€™รฉnergie atomique.
Les perceptions de lโ€™homme ne sont pas limitรฉes par les organes de perception ; il perรงoit beaucoup plus de choses que ses sens ne lui permettent dโ€™en dรฉcouvrir.
La religion, le mysticisme, la magie dรฉcoulent tous du mรชme sentiment de base face ร  lโ€™univers : un sentiment brutal et instantanรฉ de connaissance, que les รชtres humains โ€œcaptentโ€ parfois par hasard, comme un poste de radio pourrait capter une station inconnue.

Colin Wilson, Lโ€™occulte

Cet extrait, qui exprime bien lโ€™attitude de nos contemporains face ร  lโ€™occulte, rappelle รฉtrangement le mode de pensรฉe du XVe et du XVIe s.. Au cours de la Renaissance, la magie faisait partie de la vie quotidienne. Entre science et occultisme, les frontiรจres รฉtaient mal dรฉfinies. La redรฉcouverte de Platon et des nรฉo-platoniciens (Plotin, Porphyre, Proclus), la traduction du Corpus Hermeticum (M. Ficin, 1463), lโ€™influence de la Kabbale, tout cela sur lโ€™arriรจre-fond dโ€™un christianisme en pleine mutation, conduisit ร  un syncrรฉtisme รฉtonnant. Les philosophes de la Renaissance se demandaient trรจs sรฉrieusement comment distinguer les ล“uvres des Anges de celles des dรฉmons ; comment discerner les actions occultes ยซ licites ยป de celles que la religion interdit ; comment faire la diffรฉrence entre actes de magie et miracles ; comment tenir compte de lโ€™influence des astres tout en affirmant la libertรฉ ; etc. Lโ€™enthousiasme anthropocentrique et une certaine confusion entre lโ€™invisible et la grรขce, prรฉtendaient lรฉgitimer la recherche de pouvoirs ยซ naturels ยป quasi divins.

Il y eut bien des voix dissonantes, qui tentรจrent de revenir ร  lโ€™Evangile – ou tout simplement ร  un sain rรฉalisme – telles que celle dโ€™Erasme, de Thomas More, ou mรชme de Montaigne ; voire dans un tout autre style, celle de Rabelais. Mais il faut attendre les travaux de G. Galilรฉe (1564-1642), puis lโ€™รฉlaboration dโ€™une mรฉthode rigoureuse de pensรฉe par R. Descartes (1596-1650), pour que la magie soit petit ร  petit supplantรฉe par une approche scientifique des phรฉnomรจnes.

De nos jours, nous assistons paradoxalement au mouvement inverse ! Le rationalisme sโ€™essouffle ; nous nโ€™attendons plus le salut de la science ni de la technique, et lโ€™homme a renoncรฉ ร  la prรฉtention dโ€™รชtre le centre de lโ€™univers. Le travail de dรฉconstruction entrepris par la postmodernitรฉ, qui relativise tous les secteurs de notre vie personnelle et sociale, suscite une crise angoissante du sens, que nos contemporains tentent dโ€™exorciser en cherchant un appui dans un ยซ au-delร  ยป – ou un ยซ en deรงร  ยป – de la pensรฉe rationnelle. Dโ€™oรน la sรฉduction pour lโ€™รฉsotรฉrisme, qui permet dโ€™explorer en imagination lโ€™univers occulte, tandis que la magie livre les clรฉs de lโ€™agir dans ces mondes parallรจles. Lโ€™initiation donne lโ€™illusion ร  lโ€™adepte dโ€™avoir transcendรฉ sa condition humaine, mais en rรฉalitรฉ, il ne sort pas de notre univers clos, car mรชme si les domaines plus subtils รฉchappent ร  nos sens, ils appartiennent encore ร  ce monde.
Qui ne voit lโ€™amรจre dรฉception qui sโ€™annonce ? La transcendance tant espรฉrรฉe nโ€™est quโ€™apparente : lโ€™esprit ne trouve pas sa place dans la connaissance รฉsotรฉro-occulte, qui demeure confinรฉe dans les รฉnergies crรฉรฉes. Or

ยซ Dieu est Esprit, et ceux qui lโ€™adorent, cโ€™est en esprit et vรฉritรฉ quโ€™ils doivent lโ€™adorer ยป (Jn 4, 24).

Nous nโ€™avons rien ร  espรฉrer de lโ€™exploration des arriรจre mondes, sous la conduite de quelques ยซ esprits ยป ou de quelques ยซ grands initiรฉs ยป. Le salut nโ€™est pas ร  attendre dโ€™une immersion dans des รฉnergies crรฉรฉes, aussi subtiles soient-elles. La pleine rรฉalisation du projet de Dieu sur nous, la ยซ participation ร  la vie divine ยป (2 P 1, 4) dans lโ€™Esprit, ne peut venir que du don de la grรขce, qui nous est offerte en Jรฉsus-Christ Notre-Seigneur. Cโ€™est en lui, le Fils unique, et en lui seul, que notre humanitรฉ peut avoir accรจs ร  la filiation divine ร  laquelle le Pรจre nous destine de toute รฉternitรฉ (cf. Ep 1, 5).

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