Franz Bardon, La pratique de la magie évocatoire
Le Talisman est donc un objet rituellement relié à la fois à l’ « Intelligence » – disons l’esprit – invoqué et au mage. Il constitue un symbole qui relie le monde physique dans lequel une transformation précise doit être réalisée, avec le monde des esprits, qui se sont engagés à répondre à l’appel du magicien et à opérer ce pour quoi le Talisman est conçu. Les traités de magie donnent bon nombre de conseils sur la forme des talismans, leur couleur, le matériau dans lequel ils doivent être conçus, les signes qu’il faut y inscrire, etc. en fonction des effets désirés. Cependant, précise Fr. Bardon, « pour un mage véritable, ces considérations ne présentent aucune importance, car il peut charger magiquement et avec efficacité tout objet devant supporter l’énergie de quelqu’Entité que ce soit et à quelque Sphère que celle-ci appartienne ; en fait, le contact avec ces Entités et la charge des objets choisis dépendent uniquement de son développement magique et de sa maturité spirituelle »
. En clair : toutes les pratiques préparatoires et consécratoires du Talisman n’ont d’autre but que d’établir le contact entre le magicien et une Entité qui accepte de rendre le service demandé. Le « contrat » – ou plutôt le pacte – implique un engagement non seulement de l’Entité, mais aussi du magicien, car la gratuité n’est pas de mise dans le monde occulte. Fr. King et St. Skinner précisent que les Talismans peuvent être fabriqués « pour effectuer toutes sortes de choses : pour avoir de l’argent, pour obtenir des appuis, pour retrouver un objet perdu, pour influencer les gens, pour obtenir la connaissance, pour séparer ou susciter l’amitié, pour obtenir l’amour de quelqu’un, et ainsi de suite. Les objectifs possibles,
reconnaissent nos auteurs, vont des opérations les plus louables jusqu’à la magie noire »
. Il est clair que des Entités qui peuvent accomplir indifféremment le bien ou le mal, ne sont pas des Anges de lumière, mais appartiennent aux troupes ténébreuses de celui qui suggérait à nos premiers parents : « vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal »
(Gen 3, 5).
C’est bien pourquoi l’Eglise défend formellement aux croyants de se servir de Talismans, dont l’utilisation implique toujours un pacte (explicite ou implicite) avec les démons (Catéchisme Eglise Catholique n° 2117).