Aperçu historique
Les Églises issues de la Réforme protestante se sont implantées dans l’Amérique hispanique par l’intermédiaire de groupes qui émigrèrent d’Europe à la suite des guerres mondiales ou à la recherche de meilleures opportunités économiques. Les Églises dites « libres », fruit d’une vaste mission lancée par les Églises des États-Unis en Amérique du Sud dans les années 1950, se sont consolidées principalement dans les milieux populaires. Devenues indépendantes entre 1975 et 1985, elles se sont multipliées rapidement en prenant une orientation fondamentaliste, doublée parfois d’une inspiration politique de droite. Dans les années 1990, les nouveaux mouvements religieux pseudo scientifiques ont fait leur apparition ; c’est dans ce contexte que s’inscrit le phénomène du New Age, qui touche principalement les jeunes et les classes aisées.
Proposition doctrinale
En s’adaptant au contexte latino-américain, les courants issus des Églises réformées ont centré leur pratique religieuse sur une lecture fondamentaliste de la Parole, en insistant tout particulièrement sur la crainte de Dieu et sur la nécessité de se lier à son « propre » groupe religieux pour échapper à la damnation éternelle, dans une perspective eschatologique. Le salut dépend davantage de la foi en Jésus-Christ que de la conduite humaine. Fortement influencés par les religions orientales, les courants qui s’inscrivent dans le New Age se caractérisent par une vision panthéiste et néo-gnostique, dans laquelle la réalité de Dieu comme être personnel est niée ; l’identité personnelle de Jésus-Christ est confondue avec celle d’un messie qui se serait manifesté aussi dans différents autres chefs religieux mondiaux, tandis que l’Esprit Saint est réduit à une force intérieure qu’il faut découvrir. Dans cette vision déterministe, qui admet l’existence de la réincarnation et qui se présente comme une forme de savoir scientifique, la responsabilité personnelle s’estompe.
Influence
Le risque le plus grave consisterait dans l’introduction d’éléments culturels étrangers au patrimoine de la tradition chrétienne catholique qui, malgré l’apparition de quelques éléments syncrétiques dans certains milieux, a représenté une force d’unité et de cohésion pour le sous-continent ; d’autre part, les efforts pour transformer les structures sociales sont mis entre parenthèses.
Réponse
Pour faire face à cette forte avancée, un renouveau des communautés est nécessaire, tant au niveau diocésain que paroissial, selon des modèles ecclésiaux déjà expérimentés, orientés à une meilleure participation des laïcs soutenue par une bonne formation biblique, spirituelle et catéchistique, en se servant aussi des puissants moyens de communication de masse. Et cela, en promouvant l’investissement social dans la lutte pour la justice selon les options prises à Medellin, Puebla et Saint-Domingue, et en appelant à une nouvelle évangélisation. Ecclesia in America nous appelle à un renouveau, à travers une suite authentique de Jésus-Christ, pour être un signe prophétique face aux fondamentalismes et aux intégrismes.
Prof. Silvio Cajiao, sj