Le drame de l’athéisme s’est manifesté pleinement au XXe siècle, même s’il plonge ses racines dans les siècles précédents. Comme l’a dit Walter Kasper, « l’athéisme au sens strict, celui qui nie tout ce qui est divin, n’est devenu possible qu’à l’époque moderne. Par le fait qu’il présuppose le christianisme, c’est un phénomène post-chrétien. En rompant avec la conception numineuse du monde qui prévalait dans l’Antiquité, la foi biblique dans la création a entraîné une déshumanisation de la réalité, en distinguant clairement et sans équivoque entre un Dieu Créateur et le monde, sa Création » .
Lorsque, dans le Premier Monde, la formule de Nietzsche selon laquelle Dieu est mort fut assimilée et vécue de façon existentielle, on assista à un changement de paradigme dans la culture. Gaudium et spes souligne ce changement essentiel : « La créature sans Créateur s’évanouit » (n. 36). Le Premier Monde a connu une hémorragie de sens de la vie. La communion de civilisation édifiée sur les structures chrétiennes s’est fragmentée. La Tour de Babel est de retour. Cela est vécu de façon particulièrement forte par les jeunes. La culture chrétienne de la vie a fait place à une culture morbide du moi et de l’accomplissement personnel. Cette culture débouche sur l’incapacité de se donner à l’autre, de telle sorte que la personne vit l’expérience de la solitude et de l’aliénation. Il n’en demeure pas moins que nous sommes des créatures, et que nous sommes donc naturellement orientés vers le Créateur. La nature a horreur du vide. C’est ainsi que les jeunes du Premier Monde cherchent à donner un sens à leur vie et aspirent à une plus grande communion avec les autres et avec Dieu.
C’est dans cette inquiétude, celle-là même qui poussa saint Augustin à la recherche d’un sens pour sa vie, que les sectes se faufilent. La culture post-chrétienne du Premier Monde est marquée par une certaine méfiance, quand ce n’est pas une franche hostilité, vis-à-vis de l’Église. Les sectes proposent une expérience du numineux et de l’appartenance sans les structures et l’organisation perçues comme étant atrophiées, autrement dit sans « Église ».
Si le Créateur et la Création ne sont pas distincts, alors tous les moyens sont bons pour arriver à l’expérience du numineux en vue de son accomplissement personnel. Ainsi, comme le souligne le document Jésus-Christ, le Porteur d’eau vive, les sectes qui s’inscrivent dans le courant du New Age s’inspirent de diverses traditions allant des pratiques occultes de l’Égypte antique à celles contemporaines du bouddhisme zen ou du yoga (cf. 2.1).
Les sectes apportent une réponse aux désirs les plus élémentaires et primordiaux de l’homme post-chrétien. Elles proposent un retour au paganisme. L’eau pure et vivifiante de Jésus-Christ est considérée comme suspecte, et les hommes vont délibérément s’abreuver aux eaux troubles des sectes.
L’Église peut guider les hommes dans leur recherche de la vraie vie en leur présentant la personne de Jésus-Christ, le Porteur d’eau vive. L’invitation à rencontrer Jésus-Christ « aura plus de poids si elle vient de quelqu’un qui, à l’évidence, a été profondément touché par sa rencontre avec Jésus, quelqu’un qui n’a pas seulement entendu parler de lui, mais qui est convaincu que c’est vraiment lui le sauveur du monde » (Jésus-Christ, le Porteur d’eau vive, n. 5).
S. Ex. Julian Porteus