Pour nous, ce nโest pas cela du tout. Le fantastique est une manifestation des lois naturelles, un effet du contact avec la rรฉalitรฉ quand celle-ci est perรงue directement et non pas filtrรฉe par le voile du sommeil intellectuel, par les habitudes, les prรฉjugรฉs, les conformismes.
La science moderne nous apprend quโil y a derriรจre du visible simple, de lโinvisible compliquรฉ. La frontiรจre est trรจs mince entre le merveilleux et le positif, ou, si vous prรฉfรฉrez, entre lโunivers visible et lโunivers invisible. Il existe peut-รชtre un ou plusieurs univers parallรจles au nรดtre. ยป
Louis Pauwels et Jacques Bergier,
Le matin des magiciens ; Prรฉface
Ce bref extrait est un bel exemple du ยซ syncrรฉtisme ยป pseudo-rationnel que tente de diffuser le Nouvel Age. On y trouve des bribes de discours scientifique, philosophique et religieux, rassemblรฉes sans aucun respect des changements de plans.
ยซ La science moderne nous apprend quโil y a derriรจre du visible simple, de lโinvisible compliquรฉ ยป
: cโest exact, ร condition de prรฉciser que ce domaine nโest invisible que pour nos yeux myopes, pas pour les appareils qui prolongent nos sens vers des dimensions plus petites (ou plus grandes). Il ne sโagit pas dโun autre plan du rรฉel, dโun ยซ univers parallรจle ยป, fonctionnant selon sa logique propre, mais des dรฉtails de notre monde qui รฉchappent ร nos yeux, dont le champ de perception est limitรฉ au domaine macroscopique. Le principe de correspondance, รฉnoncรฉ en 1916 par le physicien danois Niels Bohr (un des pรจres de la physique quantique), revu et corrigรฉ par Ehrenfels en 1927, jette un pont entre la physique classique (monde macroscopique quotidien) et la physique quantique (monde de la microphysique, des particules et des forces รฉlรฉmentaires) : quand le nombre de particules-quantons atteint un certain seuil, la thรฉorie quantique conduit aux mรชmes rรฉsultats que la physique classique. Ce monde invisible de la physique nโa donc strictement rien ร voir avec un soi-disant monde ยซ merveilleux ยป. Le ยซ fantastique ยป, c’est-ร -dire pour nos auteurs lโocculte, est sans rapport avec le domaine รฉtudiรฉ par la physique, contrairement ร ce que prรฉtendent bon nombre dโauteurs du Nouvel Age. Les ยซ sciences occultes ยป traitent des รฉnergies ยซ subtiles ยป qui, ร en croire ces doctrines, enveloppent et pรฉnรจtrent notre monde de toute part. Ces รฉnergies sont qualifiรฉes dโยซ occultes ยป prรฉcisรฉment parce quโelles sont hors de la portรฉe des mรฉthodes dโinvestigation de la science physique. Il nโy a pas de transition continue du domaine occulte au domaine physique, et la seule maniรจre dโinvestir le champ de lโocculte, cโest dโutiliser des mรฉthodes qui lui sont proportionnรฉes, c’est-ร -dire des techniques occultes.
Lโunique ยซ instrument ยป pour pรฉnรฉtrer dans ce domaine, est le sujet humain lui-mรชme, qui doit se mettre en รฉtat de rรฉceptivitรฉ pour les messages รฉmanant de ces mondes ยซ parallรจles ยป. Cette rรฉceptivitรฉ mรฉdiumnique peut รชtre obtenue par lโouverture des chakras, au moyen de techniques appropriรฉes. Mais les rรฉsultats des expรฉriences conduites en รฉtat de mรฉdiumnitรฉ sont tellement marquรฉs par la subjectivitรฉ de lโexpรฉrimentateur, quโils ne peuvent jouir du qualificatif de ยซ scientifiques ยป, nโรฉtant pas reproductibles par tout autre observateur travaillant dans les mรชmes conditions (critรจre dโobjectivitรฉ faible).
Le regard du mรฉdium ne conduit pas une vision de la rรฉalitรฉ ยซ perรงue directement et non pas filtrรฉe par le voile du sommeil intellectuel, par les habitudes, les prรฉjugรฉs, les conformismes ยป
, mais constitue une incursion dans les mondes occultes, qui eux sont effectivement des mondes parallรจles, gouvernรฉs par des entitรฉs spรฉcifiques, dont les traditions enseignent et lโexpรฉrience montre quโil vaut mieux ne pas les frรฉquenter.