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Le christianisme coupable de la crise écologique

par | 3 janvier 2005

« Si nous ne rejetons pas l’axiome chrétien selon lequel la nature n’a d’autre raison d’être que le service de l’homme, la crise écologique ne fera que s’amplifier. La science et la technologie contemporaines sont à ce point pétris de l’arrogance de l’orthodoxie chrétienne envers la nature, qu’aucune solution de la crise écologique n’est à attendre d’elles seules. Puisque les racines du mal sont avant tout religieuses, le remède doit également être essentiellement religieux, que nous l’appelions ainsi ou non ».

Lynn White, The Historical Roots of Pour Ecologic Crisis (1967)

Dans l’article dont sont extraites ces quelques lignes, l’auteur rejette sur le christianisme la totale responsabilité de la crise écologique planétaire. L’essai de Lynn White est entré dans le « folklore » du mouvement écologique : trente cinq ans après sa parution, et malgré les nombreuses démonstrations de la fragilité de cette thèse, le fameux article est toujours cité en référence comme présentant le dernier mot sur la question.

Le cœur de l’accusation de L. White consiste à dire que les Ecritures judéo-chrétiennes ont poussé l’homme à se considérer comme le maître absolu d’une nature objectivée, dont il prétend pouvoir user et abuser par un droit divin. La parole biblique en Genèse 1, 28

Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre

légitimerait en effet la domination et la destruction de la nature par l’homme.

Nous répondons que le verbe « dominer » contient la racine « dominus », qui désigne le maître au sens du gérant, à qui Dieu confie la nature afin qu’il la gère de manière responsable. Selon l’anthropologie biblique, l’homme par sa dimension spirituelle, transcende certes la nature ; mais il ne saurait en être le maître absolu, car il n’est lui-même qu’une créature, et a des comptes à rendre à Dieu de sa gestion.

Contrairement à ce que prétend L. White, la conception de l’homme, maître absolu de l’univers, disposant de ses ressources selon son bon plaisir, n’est pas biblique. Elle apparaît plutôt au XVIIe siècle avec le dualisme et la philosophie mécaniste d’un Descartes. La séparation de la « substance pensante » et de la « substance étendue » conduit à une conception du monde matériel dont la raison – et par là l’être humain – sont en quelque sorte absents ou du moins étrangers. Cette conception demeure en arrière fond du siècle des Lumières et se développera au sein de l’idéologie scientiste. On conviendra sans peine que le christianisme ne saurait être confondu avec les dérives du rationalisme. L. White oublie un peu vite que l’industrialisation – dont il souligne très justement les effets dévastateurs au niveau écologique – a vu le jour et s’est développé dans un contexte explicitement anti-chrétien.

Faut-il rappeler enfin que la crise écologique est loin d’être l’apanage des seules cultures chrétiennes ?

Mais en fustigeant le transcendantalisme chrétien, L. White entend surtout promouvoir une philosophie naturaliste qui veut donner à la nature un statut de sujet et non plus d’objet, et de sujet quasi divin. C’est sur cet horizon qu’il faut comprendre la résurgence contemporaine d’un culte à la déesse Gaïa, nom donné par Hésiode (VIIIème s. av. J.-C.) à la planète Terre dans sa Théogonie.

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