James Redfield et Michael Murphy, Et les hommes deviendront des dieux (2002)
J. Redfield est l’auteur d’un roman vendu à plus de 6 millions d’exemplaires ; il s’est imposé comme une figure de proue de la spiritualité du Nouvel Age.
Quant à M. Murphy, éminent représentant de la psychologie transpersonnelle, il est un des co-fondateurs de l’Institut Esalen, berceau du Nouvel Age, qui demeure un des hauts lieux du mouvement.
L’extrait cité est très représentatif de la mentalité du Nouvel Age et même du nouveau paradigme qui se met progressivement en place dans la culture occidentale. Le titre de l’ouvrage est significatif : selon nos auteurs, l’humanité avancerait à grands pas vers la découverte de sa divinité, plus exactement : de son unité avec les énergies cosmiques considérées comme divines. Celles-ci seraient omniprésentes : il suffirait de favoriser les circonstances dans lesquelles nous les expérimentons déjà en nous, pour permettre leur affleurement à la surface de nos vies. Comme l’annonce l’extrait, la prise de conscience pourrait se faire dans n’importe quelle circonstance : aucune ne serait privilégiée. Toutes les activités de l’homme-Dieu seraient susceptibles de devenir le lieu de la révélation de notre unité avec l’être divin, le lieu d’une extase enivrante et tonifiante, le point de départ du développement de pouvoir paranormaux, dits « surnaturels ». La « pratique spirituelle » – quelle qu’elle soit – n’est qu’une approche parmi d’autres, que l’on peut éventuellement intégrer dans son programme : elle offre une possibilité intéressante pour jouir davantage des possibilités extraordinaires que nous offre notre nature (divine). Nous assistons ainsi à un réenchantement de la nature, qui va de pair avec une désacralisation de l’esprit humain, une totale banalisation de sa dimension spirituelle, privée de toute transcendance. Chacun est appelé à « expérimenter » dans le petit laboratoire de son humanité, et à retenir ce qui lui convient : tout est bon pourvu que le résultat soit plaisant. Inutile de préciser qu’une telle objectivation de l’expérience spirituelle n’a plus rien à voir avec la démarche de la prière chrétienne – même si les saints sont systématiquement mentionnés dans les listes des « modèles ». Plus radicalement encore, ce naturalisme dans lequel chaque individu invente à chaque instant son propre cheminement vers le dévoilement de sa divinité immanente, rend obsolète la notion de « salut », et rend vaine la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Le « do it yourself » du Nouvel Age est décidément totalement incompatible avec le chemin de l’Evangile.