Par la prière, il attire à lui les bons esprits qui s’associent au bien qu’il veut faire. »
A. Kardek, Le livre des esprits
On serait tenté de se réjouir de ces bonnes dispositions des esprits, mais que peut bien signifier « adorer » un Dieu inconnu et inconnaissable, qui apparaît tout au plus comme la Cause première des phénomènes que nous percevons ?
Il est bien entendu que le Grand Horloger – voire le Grand Architecte – ne se prêtent pas à l’adoration, à moins de désigner par ce terme le sentiment spontané (naturel) de l’homme religieux devant le « sacré ».
En tout cas l’adoration dont il est question ne saurait avoir grand-chose à voir avec la conception chrétienne de l’adoration, qui suppose la possibilité d’une relation personnelle entre Dieu et l’orant. Or il n’est jamais question explicitement d’un Dieu personnel dans les messages des esprits, même s’il est souvent cité comme sujet d’un verbe d’action.
D’où les questions : de quoi se rapproche-t-on dans la prière ? Vers quoi montent la louange, les demandes, l’action de grâce ?
Il semble bien que les esprits récupèrent le langage de la prière chrétienne, mais pour le détourner de sa finalité et le vider de son contenu.
De plus la prière, et a fortiori l’adoration, suppose l’inhabitation de l’Esprit Saint, qui seul peut nous apprendre à « adorer en esprit et vérité »
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Nous restons au seuil du monde divin : à la prière adressée au Dieu inconnu, les esprits répondent en offrant leurs services.
Enfin nous voyons mal comment concilier la citation avec le n°660, où la prière est définie comme une étude de soi. « Penser à Dieu »
reviendrait-il à s’étudier soi-même ? S’agirait-il d’une allusion au divin immanent, terme de la pérégrination de l’âme errante en quête de son identité profonde ?