Famille de Saint Joseph

« Le Liban est un message »

par | 10 février 2023

À l’heure où le tremblement de terre en Syrie et en Turquie ébranle le Liban et invite au partage ce pays tant éprouvé, nous nous rappelons cette phrase emblématique (voire prophétique) du pape Jean Paul II : « Le Liban est un message ». D’ailleurs, qui sait qu’il y a en ce moment 10 Libanais en cours de procès de canonisation à Rome ! Pour autant, aujourd’hui nos oreilles ne savent pas forcément reconnaître la valeur et la teneur de ce « message », car de près où de loin, elles entendent davantage les médias évoquer du Liban ses conflits politiques et religieux, sa crise bancaire, ses orphelins et ses pénuries…

Pourtant, ce message fait son chemin dans les consciences. Ce sont notamment les communautés religieuses qui le véhiculent et le cultivent, lieux de ressourcement et d’espérance pour les âmes de ce pays qui souffre intensément. Notre communauté a la joie, la grâce même, d’avoir noué amitié avec l’une d’entre elles : la congrégation des sœurs maronite de la sainte Famille. La rencontre date du symposium international de joséphologie à Saint-Joseph de Mont-Rouge en 2017. Nous reçûmes la visite de leur supérieure générale.

La semaine passée à Mont-Rouge, entre conférences, ateliers, temps de rencontres culturelles et fraternelles, fut une véritable « pentecôte joséphine ». Pentecôte car l’unité et la joie qui rayonnaient entre toutes ces personnes d’origines et de vocations si différentes, ne peuvent qu’être signe de la circulation de l’Esprit-Saint. ‘Joséphine’ car il y avait aussi de la discrétion, de la simplicité, et de la sincérité dans les rencontres entre théologiens chevronnés, évêques de divers pays, religieuses dévouées et laïcs passionnés…

On était à quelques mois avant la reconnaissance par l’Église de Rome des vertus héroïques du Patriarche Hélias Hoyek, un des acteurs et initiateur du « Grand Liban » – encore divisé au début du XXème siècle – que nous connaissons aujourd’hui, et nous avions avec nous la représentante de la cause de béatification, en tant que supérieure de la congrégation des Sœurs qu’il avait fondé. Après avoir entendu les enseignements et les échanges de ce symposium qu’elle qualifia de « passionnés et passionnants », Mère Marie-Antoinette invita frère Dominique-Joseph à prêcher à ses Sœurs sur saint Joseph.

Les Sœurs maronites de la Sainte Famille sont au service des familles à l’image de la sainte Famille, de l’éducation (écoles), des soins (hôpitaux) et de la fin de vie (‘maisons de retraite’)… Comme nous, elles puisent dans l’exemple de la sainte Famille, le modèle d’action extraordinaire sanctifiant l’ordinaire du temps, et la force de servir en puisant à la Source de tout amour : Jésus, le Christ, humble et joyeux qui « grandit en taille, en grâce et en sagesse, sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2), à Nazareth.

Ce fut une nouvelle pluie de grâce, non seulement par l’accueil qu’elles lui réservaient, lui faisant approcher l’âme profonde de leur pays (découverte de la « Qaddisha, la vallée où on a envie d’être saint », de l’ermitage de saint Charbel Makhlouf, etc…) mais aussi par le témoignage qu’il a rapporté de cette rencontre avec un peuple de foi, un peuple de martyrs, un peuple qui a « une âme de moine », qui est fier de sa culture… mais qui pourtant peine à se relire et à se relever des conflits inter-religieux et internationaux qui l’écartèlent.

Quelle grâce de se retrouver ainsi aussi proche de cœur, bien que nos pays et nos réalités quotidiennes soient si différentes !

Joie renouvelée d’accueillir de nouveau notre amie cette année. Nous avons pu de nouveau nourrir notre attachement et notre soutien à son pays qui était déjà amorcé par différentes collaborations et par le parrainage de 8 enfants par la paroisse Saint Martin de la Coquillade via l’œuvre d’Orient.

Toutefois, le clou fut d’entendre le témoignage de la bouche même de notre amie, notamment concernant la fameuse grosse explosion du port de Beyrouth (août 2020) que nul n’ignore : « Ce fut comme une bombe atomique… Mais ce jour-là, plus d’un million de miracles ! »

Et notre témoin de raconter combien la ville fut subjuguée par la violence du choc, combien elles pouvaient être désespérées de voir s’effondrer en quelques minutes l’immeuble de 8 étages qu’elles venaient tout juste d’inaugurer, quand leur hôpital fut complètement soufflé et l’électricité coupée… mais quelle stupéfaction de contempler son regard sur la multitude de grâces reçues ce jour-là.

Certes, tout manque là-bas (nourriture, médicaments, argents…) mais ils ont la plus belle des richesses : la foi qui fait voir des miracles au milieu des catastrophes, l’espérance qui fait se relever chaque matin et rester pour soutenir les autres, la charité qui dans le malheur fait lever les différences d’opinion et de religion pour soigner et veiller sur les familles les plus proches, « celles que nous connaissons » dit encore sœur Marie-Antoinette.

La voici déjà repartie, sans avoir omis de nous apprendre d’où le saint pape Jean Paul II avait tiré notre sloggan « LE LIBAN EST UN MESSAGE » : c’est le « Père du Grand Liban », dit-elle, le vénérable Helias Hoyek,  « qui a voulu que notre pays soit un message, une nation, un carrefour où tous les hommes et toutes les religions puissent vivre en frères. D’où le symbole du cèdre, la force dans les racines profondes. »

Et si le pays du Cèdre tient encore debout,

n’est-ce pas parce qu’il a ses racines dans le ciel ?

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