Le terme de « joséphologie » n’a pas une consonance très heureuse. Il est construit sur le modèle d’autres termes tels que « théologie » ou « mariologie », qui signifient : un approfondissement de la compréhension du mystère de Dieu ou de la Vierge Marie à la lumière de la Révélation, plus particulièrement de la Parole (Logos) divine. La « joséphologie » est donc une branche de la théologie qui se penche sur la place de Saint Joseph dans le mystère du salut, à la lumière des Évangiles, de la Tradition et du Magistère. Nous venons de résumer l’ambition de l’« Institut de recherche théologique sur Saint Joseph », qui fera donc de la « joséphologie » sans utiliser le terme !
Le projet est ambitieux, car que peut-on dire de ce Saint silencieux, sur lequel les Évangiles sont particulièrement discrets, au point que deux seulement sur les quatre, l’intègrent dans leur récit ? À première vue, pas grand-chose ; sauf qu’à la réflexion — et plus encore en méditant sur sa place dans le mystère de l’Incarnation — on découvre que la libre participation de Saint Joseph est indispensable à la réalisation du dessein de salut. Certes son rôle est subordonné à celui de la Vierge Marie, mais son consentement fait partie des conditions de l’économie de l’Incarnation ; aussi est-il vénéré à ce titre comme le plus grand Saint après la Mère de Dieu — comme sa citation immédiatement après la Vierge dans le Canon eucharistique n°1 veut le signifier.
N’est-ce pas à Saint Joseph que Dieu a confié « ses deux trésors les plus précieux » : la Vierge Immaculée et son Fils bien-aimé ? N’est-ce pas par son ministère que le Verbe incarné fut inscrit dans la lignée de David d’où devait naître le Messie ? N’a-t-il pas veillé comme un père sur le Fils unique de Dieu ? N’a-t-il pas sauvé des mains d’Hérode le Sauveur du monde ? N’a-t-il pas « nourri du pain de la terre Celui qui est le Pain du ciel » ? N’est-ce pas lui qui a initié le Verbe de Dieu aux Écritures ? De qui Jésus a-t-il reçu les Traditions d’Israël sinon de son abba Joseph ? N’a-t-il pas transmis au Fils de Dieu son savoir-faire de charpentier ?…
Nous pourrions continuer la liste, mais elle suffit pour faire pressentir la place unique de cet humble artisan de Nazareth dans le mystère de l’Incarnation rédemptrice. C’est sur son ministère au service du Christ et de la Vierge Marie que se penche la joséphologie, afin de mieux comprendre le rôle providentiel que Dieu a confié à Saint Joseph une fois pour toutes, au cœur de l’Église de tous les temps.
Il est donc tout à fait pertinent de réfléchir, avec l’aide des intervenants du Colloque, à la place réservée à Saint Joseph dans la nouvelle évangélisation que le Saint-Père a voulu promouvoir par la fondation d’un Dicastère particulier.
Notre réflexion n’est bien sûr pas que théorique : nous approfondissons la part qui revient à Joseph dans le dessein de Dieu, afin de mieux accueillir sa paternité-vicaire au cœur de nos propres vies. C’est bien dans ce but que nous inaugurerons également au cours de ce week-end la Confrérie de Saint Joseph, que nous confierons à la bienveillante bénédiction de notre archevêque, Mgr Thomazeau.
Puissions-nous nous laisser conduire par l’Esprit tout au long de ces deux jours, afin d’être renouvelés dans notre dévotion à Saint Joseph, d’accéder sous sa conduite à une compréhension plus profonde du mystère de l’Incarnation rédemptrice, et d’entrer dans une plus grande intimité avec la Vierge Marie et son divin Fils, notre bien-aimé Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.