Le terme amour est susceptible de multiples interprétations. Le grec propose trois paroles correspondant à trois modalités différentes de l’amour.
L’amour eros est celui que nous éprouvons envers ce que nous considérons comme un bien pour nous. Il trouve son terme dans la jouissance de l’objet convoité. L’« Autre » n’entre pas dans la définition de cette forme élémentaire de l’amour.
Le verbe philein désigne l’amour d’amitié, qui cherche tout au contraire le bien de l’être aimé. Le sujet renonce à sa jouissance propre pour s’ouvrir sur l’Autre et chercher le bien de celui-ci.
L’amour agapé est propre à la Révélation chrétienne. En 1 Jn 4, 8, Saint Jean identifie Dieu à cet amour agapé. L’objet de la Bonne Nouvelle est précisément que dans l’Esprit Saint, l’homme est à nouveau rendu capable de participer à cet amour divin, qui se caractérise par le don de soi à perte d’être : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13).
Les trois degrés de l’amour conduisent ainsi d’un amour de convoitise à un amour toujours plus relationnel, interpersonnel, et par là spirituel.
L’amour dont parle la littérature du Nouvel Age est décrit tout au contraire comme une Énergie dans laquelle l’adepte est invité à s’immerger, afin d’en jouir dans ton son être. Cette expérience n’est accessible qu’après avoir transcendé la dualité et réalisé l’identité de toutes choses dans le Soi impersonnel, considéré comme divin.
Interprété sur l’horizon de la vision chrétienne que nous venons d’expliciter, cet amour n’est pas encore spirituel : il s’agit d’une forme paroxystique de l’amour de convoitise, dans laquelle le sujet atteint la capacité maximale de jouissance que lui offre sa nature propre, mais sans s’ouvrir sur une altérité.