Si vous maintenez contre toutes formes de syncrétisme, que les religions naturalistes et les religions révélées contiennent des propositions contradictoires, les une seraient donc fausses et les autres vraies ?
Logiquement on ne peut en effet soutenir que les deux types de religion soient « également vraies ». La voie du naturalisme est celle qu’adopte spontanément tout chercheur d’Absolu qui n’a pas été confronté à l’initiative déconcertante de Dieu, nous révélant son visage en Jésus-Christ. Mais celui qui dans a foi reconnaît en Jésus la Parole ultime du Père, fait taire les discours religieux humains, et se met humblement à l’écoute de celui qui nous donne accès dans l’Esprit à « la vérité toute entière » (Jn 16, 13).
Il ne faudrait cependant pas en conclure que la voie du naturalisme ne contiendrait aucune vérité : l’Eglise a toujours reconnu qu’il y a dans les différentes religions des « rayons de la vérité qui éclaire tout homme 1 » (NA 2) ; des « semences du Verbe 2 » (AG 11), et que par la disposition de Dieu, il y a en elles des choses bonnes et véridiques 3 (OT 16), même si tout cela doit être « purifié, élevé et porté à sa perfection 4 » (AG 9 ; LG 17). L’Esprit Saint préparait la venue du Christ non seulement au sein du peuple élu, mais il orientait et continue d’orienter le cœur des hommes, de toutes races, langues, peuples et cultures, vers le mystère de l’Incarnation rédemptrice.
Cette action universelle de l’Esprit ne peut se séparer de celle qu’il mène dans le Corps du Christ qui est l’Eglise. Ces deux modes d’action dérivent tous deux de l’unique Mystère pascal et conduisent à lui par des voies différentes. Dans sa Lettre encyclique Redemptoris Missio, Jean-Paul II affirmait :
Si c’est le même Esprit qui agit dans les grandes Traditions et dans l’Eglise, faut-il en conclure que toutes les religions ont une égale valeur salvifique ?
Certes c’est le même et unique Esprit qui agit au cœur des sages de toutes les traditions non-chrétiennes et qui guide l’Eglise. Mais la présence et l’action universelle de l’Esprit ne peuvent être simplement identifiées avec la présence et l’action particulière de ce même Esprit au cœur de l’Eglise du Christ. Dans un document intitulé Le christianisme et les religions (1987), la Commission théologique internationale précise :
Plus loin dans le même texte, la Commission ajoute avec prudence :
Le document Dialogue et annonce 5 , émanant du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples précise cependant :
Notes :
- Déclaration conciliaire sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes : Nostra aetate (désormais NA). [retour]
- Décret conciliaire sur l’activité missionnaire de l’Eglise : Ad Gentes divinitus (désormais AG). [retour]
- Décret conciliaire sur la formation des prêtres : Optatam totius Ecclesiae renovationem (désormais OT). [retour]
- Constitution dogmatique sur l’Eglise : Lumen Gentium (désormais LG). [retour]
- Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et Congrégation pour l’évangélisation des peuples: Dialogue et annonce (désormais DA). [retour]