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II.2- Y aurait-il deux types de religions ?

par | 17 mai 2005

Votre analyse suggรจre quโ€™il y aurait deux types de religions, essentiellement diffรฉrentes ?

Il faut effectivement distinguer entre les philosophies religieuses, qui proposent des voies dโ€™accรจs au divin, et les doctrines sโ€™appuyant sur une rรฉvรฉlation divine ร  proprement parler. Le premier groupe rassemble les traditions qui recueillent les rรฉflexions et les expรฉriences des sages des diffรฉrentes cultures, en rรฉponse ร  la question du sens de la vie, en particulier de la place et du devenir de lโ€™homme au sein du cosmos – hindouisme, bouddhisme, taoรฏsme pour ne citer que les plus importantes. Par contre les religions rรฉvรฉlรฉes – judaรฏsme, christianisme, islam – prรฉtendent que Dieu sโ€™est prononcรฉ sur les questions essentielles concernant son essence, lโ€™identitรฉ de lโ€™homme, sa mission et sa destinรฉe. Dire que Dieu sโ€™exprime dans des paroles et des actions, quโ€™il intervient dans lโ€™histoire pour signifier sa prรฉsence et son dessein, implique que Dieu soit un Etre personnel distinct de lโ€™รชtre humain. La Rรฉvรฉlation se prรฉsente essentiellement dans une dimension dialogale qui suppose une Altรฉritรฉ divine sโ€™intรฉressant ร  lโ€™homme, une Subjectivitรฉ qui prend lโ€™initiative de communiquer avec nous par le biais de tรฉmoins privilรฉgiรฉs. Bien plus : un Dieu ami de lโ€™homme qui dรฉcide de sโ€™ouvrir ร  lui, dans lโ€™espoir de se faire connaรฎtre et aimer. Cette altรฉritรฉ irrรฉductible exclut dโ€™amblรฉe toute forme de panthรฉisme, car si lโ€™homme รฉmanait de Dieu, il nโ€™y aurait pas de vรฉritable dia-logue. De plus, Dieu ne serait pas un Sujet personnel, mais plutรดt un Etre divin en devenir, prenant conscience de lui-mรชme dans lโ€™homme. Le concept mรชme de Rรฉvรฉlation suppose tout au contraire que Dieu et lโ€™homme soient ontologiquement distincts : le Dieu transcendant est Cause premiรจre de lโ€™ordre naturel auquel appartient lโ€™homme, cet homme quโ€™il a crรฉรฉ ยซ ร  son image ยป afin quโ€™il puisse entrer en relation avec lui. Cโ€™est par son Dabar, sa parole agissante, que Dieu jette un pont au-dessus de lโ€™abรฎme ontologique qui le sรฉpare de sa crรฉature rationnelle et libre. Pour le chrรฉtien, Jรฉsus-Christ, le Verbe incarnรฉ, est le Dabar ultime de Dieu, dans lequel il se rรฉvรจle et se donne pleinement ; cโ€™est en lui que nous sont offertes en plรฉnitude ยซ la grรขce et la vรฉritรฉ ยป (Jn 1, 17) et que sโ€™accomplit pleinement la Rรฉvรฉlation de Dieu.

Les philosophies religieuses naturalistes ne sont donc pas rรฉvรฉlรฉes ?

On ne peut au sens strict parler de Rรฉvรฉlation que lorsque Dieu prend lโ€™initiative de se communiquer dans un รฉvรฉnement de Parole. Comme nous venons de le dire, cette Rรฉvรฉlation atteint son caractรจre dรฉfinitif et accompli en Christ, ยซ mรฉdiateur et plรฉnitude de la Rรฉvรฉlation ยป, selon lโ€™expression de la Constitution dogmatique Dei Verbum 1 sur la Rรฉvรฉlation divine, nยฐ2.
De fait, les philosophies religieuses naturalistes ne se fondent pas sur une parole rรฉvรฉlรฉe, mais sur la manifestation que Dieu donne de lui-mรชme dans la nature, ainsi que sur lโ€™expรฉrience intรฉrieure de lโ€™homme en quรชte du divin – expรฉrience reprise ensuite dans une rรฉflexion de type mรฉtaphysique. Ce qui prรฉsuppose que lโ€™homme serait capable dโ€™atteindre ce divin par lui-mรชme, en cheminant jusquโ€™au bout de la voie dโ€™intรฉrioritรฉ. Il nโ€™y aurait donc pas de discontinuitรฉ rรฉelle entre lโ€™homme (intรฉrieur) et Dieu. Plus exactement, lโ€™homme pourrait fusionner avec le divin immanent au plus profond de lui-mรชme, ร  condition de rรฉgresser en amont de son individualitรฉ personnelle, qui le maintient dans lโ€™extรฉrioritรฉ et dans lโ€™illusion de la pluralitรฉ. Le divin immanent est habituellement identifiรฉ comme nous le verrons ร  une Energie impersonnelle, qui constituerait le substrat de tout lโ€™univers visible et invisible. Toutes choses en รฉmaneraient, y compris lโ€™homme, qui serait donc divin par nature. La transcendance est abolie et le caractรจre personnel de Dieu, sโ€™il est encore maintenu dans certaines traditions comme condition du cheminement de lโ€™adepte, sโ€™รฉvanouit ultimement dans la fusion avec lโ€™Absolu.

Nous pressentons bien que ces deux voies diffรจrent quant ร  leur origine โ€“ la dรฉcision de lโ€™homme de se mettre en quรชte du divin, ou lโ€™initiative de Dieu de se rรฉvรฉler ร  lโ€™homme – et quant ร  leur fin – la fusion avec le divin immanent ou la communion au Dieu personnel transcendant. Les chemins vont donc nรฉcessairement diverger : dโ€™un cรดtรฉ les mystiques naturalistes atteignent le divin immanent par des techniques tendant ร  suspendre lโ€™activitรฉ du sujet personnel, jusquโ€™ร  ce que celui-ci se rรฉsorbe dans la non-dualitรฉ ; de lโ€™autre les mystiques issues des traditions rรฉvรฉlรฉes sโ€™efforcent dโ€™accueillir dans la foi la Parole dans laquelle Dieu se rรฉvรจle en se donnant. Rien dโ€™รฉtonnant dรจs lors que les principes naturalistes proposรฉs par Alice Bailey aux fondements de la religion mondiale dont elle annonce la venue prochaine, ne correspondent en rien ร  ceux des religions rรฉvรฉlรฉes.

 

Notes :

  1. Constitution dogmatique sur la Rรฉvรฉlation divine: Dei Verbum (dรฉsormais DV). [retour]

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