Famille de Saint Joseph

La notion de salut

par | 28 mars 2005

Le Nouvel ร‚ge n’a pas vraiment la notion du pรฉchรฉ, mais plutรดt celle d’une connaissance imparfaite. Ce qui nous manque, c’est l’illumination, qui peut รชtre obtenue ร  l’aide des techniques psychophysiques appropriรฉes.

ร€ ceux qui participent aux activitรฉs Nouvel ร‚ge, on ne dit pas ce ร  quoi ils doivent croire, ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire, mais :

โ€œIl y a mille faรงons d’explorer la rรฉalitรฉ intรฉrieure. Laissez-vous guider par votre intelligence et votre intuition. Ayez confiance en vousโ€.

L’autoritรฉ est passรฉe de Dieu au moi.

Le problรจme le plus grave pour le Nouvel ร‚ge n’est pas la faute personnelle ou le pรฉchรฉ, mais l’aliรฉnation par rapport au cosmos. Le remรจde consiste ร  s’immerger chaque jour davantage dans la totalitรฉ de l’รชtre. ร€ en croire certaines publications et pratiques Nouvel ร‚ge, une vie ne suffirait pas, et la rรฉincarnation serait nรฉcessaire pour permettre aux hommes de rรฉaliser pleinement leur potentiel.

Dans la perspective chrรฉtienne,

โ€œLa rรฉalitรฉ du pรฉchรฉ, et plus particuliรจrement du pรฉchรฉ des origines, ne s’รฉclaire qu’ร  la lumiรจre de la Rรฉvรฉlation divine. Sans la connaissance qu’elle nous donne de Dieu on ne peut clairement reconnaรฎtre le pรฉchรฉ, et on est tentรฉ de l’expliquer uniquement comme un dรฉfaut de croissance, comme une faiblesse psychologique, une erreur, la consรฉquence nรฉcessaire d’une structure sociale inadรฉquate, etc. C’est seulement dans la connaissance du dessein de Dieu sur l’homme que l’on comprend que le pรฉchรฉ est un abus de la libertรฉ que Dieu donne aux personnes crรฉรฉes pour qu’elles puissent l’aimer et s’aimer mutuellementโ€ (Catรฉchisme de l’Eglise Catholique, nยฐ 387).

โ€œLe pรฉchรฉ est une faute contre la raison, la vรฉritรฉ, la conscience droite ; il est un manquement ร  l’amour vรฉritable, envers Dieu et envers le prochain, ร  cause d’un attachement pervers ร  certains biens. Il blesse la nature de l’homme et porte atteinte ร  la solidaritรฉ humaine. Le pรฉchรฉ est une offense de Dieu. Le pรฉchรฉ se dresse contre l’amour de Dieu pour nous et en dรฉtourne nos cล“urs. Le pรฉchรฉ est ainsi amour de soi jusqu’au mรฉpris de Dieu 1โ€.

Toute la question est de savoir par quoi ou par qui nous croyons รชtre sauvรฉs. Sommes-nous sauvรฉs par nos actions, comme c’est souvent le cas dans les explications Nouvel ร‚ge, ou sommes- nous sauvรฉs par l’amour de Dieu ?

Le Nouvel ร‚ge, dont les maรฎtres mots sont auto-rรฉalisation et auto-rรฉdemption, a une intelligence fondamentalement pรฉlagienne et optimiste de la nature humaine.

Pour les chrรฉtiens, le salut dรฉpend de la participation ร  la passion, ร  la mort et ร  la rรฉsurrection du Christ et du rapport personnel et direct avec Dieu plus que d’une technique quelconque. La condition humaine, affectรฉe intrinsรจquement par la faute originelle et par le pรฉchรฉ individuel, ne peut รชtre redressรฉe que par l’action de Dieu: le pรฉchรฉ est une offense faite ร  Dieu, et seul Dieu peut nous rรฉconcilier ร  Lui. Dans le plan salvifique divin, les hommes sont sauvรฉs par Jรฉsus-Christ qui, homme et Dieu, est l’unique mรฉdiateur de la rรฉdemption. Dans le christianisme, le salut n’est pas une expรฉrience du moi, une concentration mรฉditative et intuitive sur soi-mรชme, mais le pardon du pรฉchรฉ, la libรฉration des profondes ambivalences qui nous habitent et l’apaisement intรฉrieur par le don de la communion avec un Dieu d’amour. Le chemin du salut ne passe pas seulement par une transformation (auto) induite de la conscience, mais par une libรฉration du pรฉchรฉ et de ses consรฉquences qui nous invite dรจs lors ร  le combattre en nous-mรชmes et dans la sociรฉtรฉ oรน nous vivons. Cela inclut nรฉcessairement la solidaritรฉ aimante envers notre prochain dans le besoin.

Certains auteurs Nouvel ร‚ge considรจrent la souffrance comme รฉtant auto-infligรฉe, comme un mauvais karma, ou encore comme l’incapacitรฉ de tirer pleinement parti de nos ressources.

D’autres se concentrent sur les mรฉthodes destinรฉes ร  procurer le succรจs ou la richesse (par ex. Deepak Chopra, Josรฉ Silva et al.). Dans le Nouvel ร‚ge, la rรฉincarnation est souvent vue comme un passage nรฉcessaire ร  notre croissance spirituelle, une รฉtape de notre รฉvolution spirituelle qui commencerait avant la naissance et se poursuivrait aprรจs la mort. Dans notre vie prรฉsente, l’expรฉrience de la mort des autres provoque une crise salutaire.

Tant l’unitรฉ cosmique que la rรฉincarnation sont inconciliables avec la croyance chrรฉtienne selon laquelle l’homme est un รชtre distinct, qui vit une seule vie dont il est pleinement responsable.

Assurรฉment, cette conception de la personne met en jeu ร  la fois la responsabilitรฉ et la libertรฉ. Les chrรฉtiens savent que dans la Croix du Christ, non seulement la Rรฉdemption s’est accomplie par la souffrance, mais de plus la souffrance humaine elle-mรชme a รฉtรฉ rachetรฉe. Le Christ sans qu’il ait commis aucune faute s’est chargรฉ du mal total du pรฉchรฉ. L’expรฉrience de ce mal a dรฉterminรฉ la mesure incomparable de la souffrance du Christ, qui est devenue le prix de la Rรฉdemption. Le Rรฉdempteur a souffert ร  la place de l’homme et pour l’homme. Tout homme participe d’une maniรจre ou d’une autre ร  la Rรฉdemption. Chacun est appelรฉ, lui aussi, ร  participer ร  la souffrance par laquelle la Rรฉdemption s’est accomplie.

 

Notes :

  1. Ibid., nยฐ 1850-1851 [retour]

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