Le Conseil pontifical de la Culture s’est réuni du 11 au 13 mars 20004 autour du thème « La foi chrétienne à l’aube du nouveau millénaire et le défi de la non croyance et de l’indifférence religieuse ». À l’issue de cette Assemblée plénière, le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical de la Culture, a présenté les conclusions de ces travaux. Le 13 mars, le Pape Jean-Paul II a reçu les membres de l’Assemblée plénière (voir p. 405). Nous publions le texte du discours du cardinal Poupard paru dans la Documentation Catholique n° 2313 du 2 mai 2004, dans la rubrique « Actes du Saint-Siège », paru en page 419.
Au terme des travaux de notre Assemblée plénière 1 sur « La foi chrétienne à l’aube du nouveau millénaire et le défi de la non-croyance et de l’indifférence religieuse », les grandes orientations sont claires :
– La non-croyance n’est pas en augmentation dans le monde. Ce phénomène se trouve avant tout dans le monde occidental. Le modèle culturel qu’il suscite, se diffuse à travers la mondialisation et influe plus ou moins profondément sur toutes les cultures. Mais la non-croyance ne peut être considérée comme un phénomène asiatique, latino-américain ou africain, ni du monde musulman.
– L’athéisme militant recule et n’exerce plus une grande influence sur la vie publique, sauf dans les régimes où un système politique athée est encore en vigueur.
– Par contre, l’indifférence religieuse est en croissance, ainsi que l’athéisme pratique. Agnostiques et croyants non-pratiquants forment une partie importante de la société, et vivent de fait comme si Dieu n’existait pas, sans référence aux valeurs et aux instances religieuses. Nous avons là comme une émergence de l’homo indifferens. « Peut-être que Dieu n’existe pas, mais cela n’a pas d’importance, et de toutes les manières, nous n’en ressentons pas le manque ».
– L’athéisme et la non-croyance, qui se présentaient comme des phénomènes plutôt masculin, citadin, et surtout chez les personnes d’un niveau culturel au-dessus de la moyenne, ont changé de visage et le phénomène semble lié davantage à un style de vie. Ainsi, chez les femmes qui travaillent hors du foyer, la non-croyance augmente.
– Partout se fait sentir une baisse du nombre de personnes qui fréquentent régulièrement l’Église. Cette constatation ne signifie pas pour autant une augmentation de la non-croyance, mais indique plutôt une transformation de la pratique religieuse et de la croyance : croire sans appartenir. C’est un phénomène de « déconfessionnalisation » de l’homo religiosus, qui refuse toute forme de structure institutionnelle.
– Partout, une nouvelle recherche plus spirituelle que religieuse est en croissance, sans être cependant un retour à la foi traditionnelle. La science et la technologie moderne n’ont pas supprimé le sens religieux, et ne réussissent pas à le combler.
– Il n’existe pas de mondialisation de la non-croyance, mais une désaffection des religions traditionnelles, soit pour la pratique religieuse, soit pour l’adhésion aux contenus doctrinaux et moraux.
En même temps, la crise de la foi chez les jeunes se trouve contrebalancée par le témoignage d’autres jeunes dont la force évangélisatrice a été comme libérée par l’initiative féconde du Pape Jean-Paul II. Les Journées mondiales de la Jeunesse en rafraîchissant et rajeunissant l’Église, lui ont donné un nouveau visage rayonnant dans une culture sécularisée. Comme il a été dit : « Il faut apprendre aux jeunes à nager à contre-courrant ».
En notre culture anthropocentrique génératrice d’un affaiblissement culturel de la foi, seule une affirmation claire et publique du message évangélique, vécu sans compromis dans les communautés chrétiennes et assumé avec joie, présente une réponse pertinente aux appels souvent non formulés, mais toujours latents dans les profondeurs des consciences. Un témoignage venu du Vietnam nous interpelle : seulement quand notre foi est forte, nous pouvons la partager avec les autres.
Cardinal Paul Poupard
Notes :
- L’auteur est président du Conseil pontifical de la Culture [retour]