Il serait vain de vouloir « faire la vérité » sur l’ordre des Templiers : trop de légendes se sont mêlées à l’histoire pour démêler cet écheveau.
Au départ, il s’agit d’un ordre guerrier monastique, fondé vers les années 1118-1119 par le Champenois Hugues de Payns et ses huit compagnons, et destiné à protéger les pèlerins de Terre Sainte des pillards musulmans. Ils forment la communauté des Pauvres Chevaliers du Christ, nommés « Templiers » à cause de leur résidence, la mosquée al-Aqsa, assimilée à l’antique Temple de Salomon.
Reconnu par le Concile de Troyes (1129) comme Ordre doté de ses propres règles, le nombre de Templiers ne semble jamais avoir dépassé trois cents chevaliers, auxquels il faut ajouter des écuyers et autres serviteurs, qui pouvaient compter jusqu’à deux milles personnes.
A la chute de Saint Jean d’Acre (1291) et l’abandon de la Terre Sainte, les Templiers furent incapables de s’établir, comme le firent les Chevaliers Teutoniques en Prusse ou l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui s’emparèrent de Rhodes. Aussi continuèrent-ils à prôner les Croisades. Les Templiers constituèrent ainsi une sorte d’état dans l’état, possédant des châteaux, des forteresses, des bases navales que le Roi de France aurait bien voulu récupérer. Le procès intenté aux Templiers par Philippe le Bel avait sans aucun doute pour but de récupérer leurs biens et d’éliminer une structure militaire trop puissante à l’intérieur de l’Etat.
Le prétexte du procès fut le soupçon de comportements hérétiques et immoraux des membres de l’Ordre. Sans attendre la fin de l’enquête, le 13 octobre 1307, le Roi fit arrêter plus de cinq cents membres de l’Ordre. Après des aveux obtenus sous la torture, et nonobstant l’opposition du Pape, 54 Templiers furent brûlés vifs le 13 mai 1310. De Molay et Charney, grands dignitaires de l’Ordre, furent menés au bûcher malgré leur rétractation (19 mars 1314), alors que dans les autres pays d’Europe, l’innocence de l’Ordre est reconnue. Rien ne permet de retenir les soupçons d’hérésie, de magie voire d’obscénités blasphématoires retenues contre les Templiers.
L’Ordre fut finalement aboli par le pape Clément V, premier pape d’Avignon, le 23 mars 1312. Mais tous les Templiers ont-ils pour autant disparu ? Qu’est-il advenu de leur flotte et de leurs armes ? Selon certaines traditions, un groupe important se serait enfui en Ecosse, patrie de la Franc-Maçonnerie. Mais où se termine l’histoire et commence la légende ? Le lien des Templiers historiques avec la Tradition ésotérique ne peut être établi. Bon nombre de Loges ou d’Ordres initiatiques se réclament aujourd’hui encore des Templiers, sans pouvoir prouver une filiation directe.