Famille de Saint Joseph

La fin des religions dogmatiques

par | 31 janvier 2005

« Les claires notions de la religion naturelle ont été obscurcies à plaisir. La fiction et la fantaisie ont engendré l’erreur, et celle-ci, figée dans le dogme, s’est dressée comme un obstacle sur le chemin des peuples. La lumière a été voilée par ceux qui s’en croyaient les dépositaires, et les ténèbres dont ils voulaient envelopper les autres se sont faites en eux et autour d’eux. Les dogmes ont perverti le sens religieux, et l’intérêt de caste a faussé le sens moral. De là un amas de superstitions, d’abus, de pratiques idolâtriques, dont le spectacle a jeté tant d’hommes dans la négation.
Les religions immobilisées dans leurs dogmes comme des momies sous leurs bandelettes, alors que tout marche et évolue autour d’elles, s’affaiblissent chaque jour. Les religions vieillies s’affaissent sur leurs bases ; elles sont destinées à mourir. »

Léon Denis, Après la mort ; exposé de la doctrine des esprits

Qu’un scientiste pur et dur réduise les religions à un « amas de superstition, de pratiques idolâtriques, de fiction et de fantaisie », on pourrait comprendre ; mais que ce discours soit tenu par un des successeurs d’Allan Kardec à la tête du mouvement spirite, voilà qui a vraiment de quoi surprendre ! Mais laissons là ces contradictions. L’idée que développe notre auteur, à savoir que la religion pour demeurer vivante, doit nécessairement évoluer, est en fait tirée tout droit des auteurs à succès de son temps ; nous citerons uniquement Alfred Loisy (1857-1940), qui porte la triste responsabilité de la crise du modernisme, qui a secoué l’Eglise pendant un quart de siècle. Pour Loisy, le véritable Christianisme n’enseignerait pas une doctrine fondée sur une révélation divine centrée sur un personnage historique, Jésus-Christ ; mais il ne ferait que proposer le sentiment religieux immanent à tout homme, d’une manière adaptée au lieu et à l’époque. Dès lors, le développement serait la loi de la véritable religion, qui serait nécessairement – c’est-à-dire par essence – en évolution constante. Notre auteur a cette expression significative :

« Tout est en mouvement dans une religion vivante. »

L. Denis aurait bien repris cette citation à son compte, en la mettant bien sûr sous l’autorité des « esprits ». Certes le christianisme évolue :

« Tournée amoureusement vers le passé où est son trésor, la Tradition catholique, nous dit Maurice Blondel, va vers l’avenir où est sa conquête et sa lumière. Mais elle n’a rien à innover, parce qu’elle possède son Dieu et son tout ; elle a cependant à nous apprendre du nouveau, parce qu’elle fait passer sans cesse de l’implicite vécu à l’explicite connu. La Tradition n’est pas une puissance limitative et rétrograde, mais une force de développement et d’expansion. Par sa fidélité à faire fructifier le talent qu’elle se garde bien d’enfouir, elle conserve moins qu’elle ne recouvre : elle n’atteindra l’alpha qu’à l’oméga » (Histoire et dogme).

Lorsque plus tard il aura quitté l’Eglise, Loisy rêvera d’

« une religion qui serait capable de rassembler tous les hommes dans un commun idéal et une commune adoration. »

Exactement l’utopie suggéré par les esprits :

« Le dogmatisme, l’oppression religieuse, les abus de toutes sortes ont jeté l’homme dans l’indifférence et le scepticisme. Puis un jour, la voix des esprits, la voix des morts s’est fait entendre : la vérité est sortie de nouveau de l’ombre, plus belle, plus éclatante que jamais » (Léon Denis).

A chacun de choisir : recevoir la lumière de la grâce et de la vérité de Celui qui au matin de Pâque a vaincu la mort, et exalté à la droite du Père, nous appelle à le suivre sur le chemin de la vie ; ou bien écouter la voix des morts proférer des messages ténébreux, qui sont étrangement proches des philosophies réductrices de l’époque.

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