Le Kama Sutra a รฉtรฉ รฉcrit par Vatsyana ร lโintention de la noblesse de lโInde, entre lโan 100 et 400 de notre รจre. Il traite des rรจgles et des gestes sacrรฉs de l’amour. Le terme ยซย kamaย ยป rรฉfรจre ร la jouissance que peuvent se donner des personnes au moyen des cinq sens, alors que ยซย sutraย ยป reprรฉsente les enseignements reliรฉs ร l’amour, ร l’esprit et ร l’รขme. Selon ces รฉcrits, on ne peut pas prรฉtendre au kama (le plaisir, lโeros grec) si on se livre ร des relations sexuelles sans sutra (l’amour).
Le but est de faire lโexpรฉrience dโune voluptรฉ suprรชme qui soit une intuition du divin. On pressent le lien entre le Kama Sutra et le Tantrisme.
Concrรจtement, le Kama Sutra enseigne une science de lโรฉtreinte, une typologie des unions. Il donne รฉgalement un inventaire des aphrodisiaques et des moyens artificiels que l’homme peut utiliser s’il a perdu sa virilitรฉ.
La plupart des ouvrages cherchant ร actualiser le Kama Sutra, le rรฉduisent ร un ensemble de ยซ positions ยป susceptibles dโaugmenter la jouissance ou de faire durer le plaisir. Il nโest pas sรปr que nous soyons encore dans lโesprit de la dรฉmarche originelle.
Le judรฉo-christianisme ne mรฉprise pas lโamour รฉrotique : loin sโen faut ; il suffit de lire le Cantique des cantiques pour sโen convaincre. Mais il nous demande de demeurer vigilant ร ce que lโeros soit au service de lโamour dโamitiรฉ et ultimement de lโamour de charitรฉ. Or celui-ci ne cherche pas comment jouir davantage, mais comment aimer davantage, c’est-ร -dire comment se donner ร lโautre dans une entiรจre gratuitรฉ et un total respect. Ce qui nโexclut pas la jouissance bien sรปr, mais celle-ci nโest plus de lโordre de la fin (avec tout le risque dโยซ รฉgoรฏsme ร deux ยป que cela comporte), mais du moyen pour dire lโamour.