En ce qui me concerne, je puis relater mon témoignage : je suis passé par hasard à Dozulé, et, ayant vaguement entendu parlé d'apparitions, ai un peu visité les lieux. L'avis négatif de l'évêque sur le sujet, certains tracts d'associations dozulistes hostiles au pape, un endroit rempli de statues diverses m'ont fait l'effet d'une douche froide.
Pourtant, un peu plus tard, je suis un peu revenu sur mon jugement : il me semble qu'il faille nettement distinguer la voyante, Madeleine Aumont, et les apparitions d'un côté, et tous les laïcs qui ont repris le message n'importe quel sens, souvent avec une fièvre apocalyptique de mauvais goût.
La proposition 'Dozulé est une secte' est une expression mal formée. Dozulé est une ville, et une ville ne peut être une secte (hors cas limites, comme les anabaptistes de Leyden!). De quoi parle-t-on quand on parle de Dozulé? de Madeleine? des apparitions? du domaine de la haute-butte? des personnes qui ont acquis le terrain? des pélerinages qui y ont lieu? des associations promouvant le message de Dozulé? Il me semble qu'il ne faut pas tout confondre et juger avec un minimum d'objectivité.
Tout le monde s'accorde à dire que la voyante vaut mieux que les personnes qui ont repris le message. J'ai quand même été frappé par la sérénité qui se dégage de son livre (Madeleine Aumont, Les Cahiers de Madeleine, F.X. de Guibert.) Par ailleurs, le jugement de l'Eglise a été négatif, comme on sait, Rome ayant appuyé celui de Mgr Badré.
Apparition authentique? Mystification? Fausse apparition? Hallucination collective? Récupération? Peut-être ne comprendra-t-on jamais ce qui s'est vraiment passé à Dozulé...
Sans vouloir revenir sur le message de Kasoserah et sur le livre de Madeleine Aumont que je n'ai pas lu, un ami m'a raconté sa rencontre avec des fidèles de Dozulé.
Ces derniers était venu le voir pour installer une croix. En effet, pas très loin de là, un chemin marquait la route suivie par des pélerins au Moyen Age. Cet ami pensa naturellement à une croix de pierre qui existait dans le passé et, de même qu'un artisan en avait reconstitué une jolie à la croisée d'un chemin, il pensa à une croix du même genre. Vous imaginez grosso modo la taille, 2 mètres de haut au maximum, à taille humaine en fait.
Un matin, il se rendit compte du travail effectué, de nuit, par ces fidèles de Dozulé : une croix en fer d'environ 7 mètres de haut! Elle a depuis été enlevée par les services municipaux.
En repensant à ce fait divers, 3 questions sont venus à mon esprit:
*apparemment la croix doit mesurer une taille très précise, au cm près, pourquoi?
*si c'était vraiment une apparition du Ciel, qui devrait théoriquement être source de paix et d'espérance, pourquoi une telle astreinte numérique?
*sur un chemin, une croix en pierre de taille raisonnable aurait sûrement coûté moins cher, se serait mieux mariée avec le paysage et aurait été une belle halte pour tout pélerin ou simple marcheur. Au lieu de cela, l'éphémère croix de fer de 7 mètres de hauteur avait plus pour vocation de provoquer. Pourquoi?
Dieu ne se manifeste pas comme un vent violent mais comme une douce brise.
Jean Paul II a demandé en 1983 à Mgr Badré, évêque de Bayeux de faire procéder à une enquête canonique. Il n'a pas été obéi, et une simple enquête diocésaine a été effectuée.
Sur les 250 cas d'apparitions recensés par Rome depuis la guerre, les apparitions d'Akita au Japon sont les seules à avoir fait l'objet d'une enquête canonique impartiale et d'une reconnaissance officielle de l'évêque du lieu.
toute reconnaissance de l'Église ne dépend que du bon vouloir de l'évêque responsable. Que l'évêque change et ce qui était mensonge hier deviendra vérité demain.
Faut il dire pour autant que les autres apparitions sont fausses ? Garabandal, San Damiano, Kerizinen, Medjugorje, L'Escorial, Dozulé.
Jamais le Vatican n'a condamné un seul de ces lieux d'apparitions.
L'avis d'un évêque dans son diocèse n'entraîne que sa propre responsabilité épiscopale et non pas la position officielle de l'Église.
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En 1983, également, le Père gréco, conseiller personnel du pape Jean Paul II, avait demandé à des pèlerins de Dozulé en visite à Rome:"Continuez cet office de lumière."
Sans vous fâcher, permettez-moi quand même de vous dire que vous « tirez la couverture » de votre côté !
Le discernement des apparitions dans un diocèse revient de droit à l’Ordinaire du lieu, c'est-à-dire l’évêque en charge du diocèse. Il y a quand même une subsidiarité dans l’Eglise, quoi qu’on en dise ! Autrement dit, sauf si Rome fait appel de la décision de l’Ordinaire et demande une enquête canonique, l’avis de l’Ordinaire fait loi et le Pape lui-même s’y soumet. Bien sûr l’enquête peut évoluer et un successeur peut amender une décision, mais j’aimerais que vous me citiez un cas où un évêque a donné l’avis franchement contraire de son prédécesseur.
Quant à la permission ecclésiastique à demander, il y a effectivement quelques années déjà où elle n’est plus nécessaire ; mais il ne s’agit pas d’une question de légalisme. Je crois qu’il s’agit d’une question de prudence et d’obéissance filiale. Aussi longtemps que l’Eglise n’a émis aucun avis, et donc aucune réserve, il n’y a pas de raison de s’abstenir, mais dès qu’il y a avis négatif ou invitation à la prudence, il me semble qu’en conscience nous devrions nous abstenir.