réincarnations

Camille (paris)

l'"âme" et l'"esprit".

Message par Camille (paris) »

Vous avez raison de rappeler cette erreur fatale qui consiste à commuer des postulats de méthode en des dogmes ontologiques. Ce glissement subreptice est fréquent dans la littérature scientifique, et même chez certains professeurs de philosophie dans certaines universités (il faut voir jusqu'à quel point la philosophie contemporaine est courbée sous les fourches caudines de la science !).
Il reste que dans tous les cas on doit poser un acte de foi : foi matérialiste (appelons-la "négative" ou "à rebours") dans un cas, foi "positive" dans l'autre. Parce que parler sans arrêt de l'"âme" ou de l'"esprit" sans justifier d'abord de leur existence, ça ne va pas non plus ! Pa rnature, ces principes sont immatériels ou spirituels et échappent à la rationalité de l'homme qui dépend de la sensibilité ("rien dans l'esprit qui ne soit d'abord passé par les sens", comlme disaient les Anciens). Ce sont des réalités qui, par nature sont au-delà de tout ce qu'on peut concevoir ou imaginer, ne l'oublions pas. Un peu plus d'humilité dans ces domaines, ça ne serait pas plus mal il me semble, non ?
Merci de m'avoir lu, et pour votre site qui, quand même, n'est pas trop mal ! :)

Eric (st Brieuc)

Re: Le corporel, l'immatériel et le spirituel.

Message par Eric (st Brieuc) »

[quote="Camille (paris)."]Vous oubliez que le darwinisme est "la science normale" du vivant (Khun) i.e en accord avec l'exigence phénoméniste, nominaliste, positiviste de la recherche scientifique, et que dans cette perspective, l'"esprit" (ou l'"âme") immatériel ou spirituel, cela n'existe pas.
quote]

La science, toute imbue d'elle-même, semble dissoudre la différence spécifique de l'homme par rapport à l'animal, et celle de la matière inerte avec le moindre des vivants. Elle s'imagine pouvoir résoudre un beau matin tous les secrets de l'univers, à grand renfort de hasard et de sélection naturelle. Christian De Duve (prix Nobel de médecine) dit cela très bien : "Les récents progrès de la biochimie ont rendu caduque la conception vitaliste en établissant que toutes les manifestations de la vie peuvent s'expliquer en termes strictement physiques et chimiques. Par ailleurs, la théorie darwinienne, consolidée et précisée par la biologie moléculaire, a fait justice de la vision finaliste de l'évolution biologique en démontrant que les modifications génétiques offertes à la sélection naturelle sont des phénomènes purement accidentels entièrement dépourvus d'intentionnalité." (Sciences et avenir, Hors série Déc 2003/Janv 2004 : Le Dieu des savants, p.19).
A moins qu'il ne s'agisse encore ici de cette vieille confusion Création/ Evolution qui, une fois levée, permet d'écrire la clé de l'énigme : Hasard + Nécessité = Nécessité = Finalité, parce que les choses sont ainsi faites ! Ne nous y trompons pas, une fois qu'auront été résolus les problèmes faramineux liés à la subsistance, la question de l'existence se posera alors avec toute son acuité !

Eric (st Brieuc)

Re: Le corporel, l'immatériel et le spirituel.

Message par Eric (st Brieuc) »

[quote="Camille (paris)."]Vous oubliez que le darwinisme est "la science normale" du vivant (Khun) i.e en accord avec l'exigence phénoméniste, nominaliste, positiviste de la recherche scientifique, et que dans cette perspective, l'"esprit" (ou l'"âme") immatériel ou spirituel, cela n'existe pas.
quote]

La science, toute imbue d'elle-même, semble dissoudre la différence spécifique de l'homme par rapport à l'animal, et celle de la matière inerte avec le moindre des vivants. Elle s'imagine pouvoir résoudre un beau matin tous les secrets de l'univers, à grand renfort de hasard et de sélection naturelle. Christian De Duve (prix Nobel de médecine) dit cela très bien : "Les récents progrès de la biochimie ont rendu caduque la conception vitaliste en établissant que toutes les manifestations de la vie peuvent s'expliquer en termes strictement physiques et chimiques. Par ailleurs, la théorie darwinienne, consolidée et précisée par la biologie moléculaire, a fait justice de la vision finaliste de l'évolution biologique en démontrant que les modifications génétiques offertes à la sélection naturelle sont des phénomènes purement accidentels entièrement dépourvus d'intentionnalité." (Sciences et avenir, Hors série Déc 2003/Janv 2004 : Le Dieu des savants, p.19).
A moins qu'il ne s'agisse encore ici de cette vieille confusion Création/ Evolution qui, une fois levée, permet d'écrire la clé de l'énigme : Hasard + Nécessité = Nécessité = Finalité, parce que les choses sont ainsi faites ! Ne nous y trompons pas, une fois qu'auront été résolus les problèmes faramineux liés à la subsistance, la question de l'existence se posera alors avec toute son acuité !

Docteur M.C
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Message par Docteur M.C »

Docteur généraliste moi-même j'avoue que ces histoires de réincarnation me laissent de marbre ! C'est vrai que pour un scientifique rodé à la méthodologie positive, les "âmes" et autres "principes vitaux" prétenduement "immatériels" ne sont que mots de vocabulaire pour les poètes, les artistes, les charlatans et autres philosophes ou pseudo-philosophes de tous poils !

P. Joseph-Marie
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Message par P. Joseph-Marie »

Sans entrer dans la problématique de la réincarnation, attention tout de même à respecter les différentes épistémologies !
La science est réductionniste par choix méthodologique (tout à fait légitime). Il serait mal venu pour un scientifique d’invoquer des causes métaphysiques, mais il serait tout aussi mal venu pour un métaphysicien d’invoquer des causes physiques. Si le scientifique prétend que tout ce qui n’est pas pertinent dans son domaine, c'est-à-dire tout ce dont il ne peut pas se servir dans sa discipline, est sans fondement et sans réalité, nous sommes dans un positivisme pur et dur !
Le plus drôle est que le positivisme est un système philosophique, qui tombe dès lors sous le coup de la dénonciation du dit « scientifique » !
J’ajoute que le néo-positivisme a montré les limites de cette prétention à ne garder que le discours scientifique comme seul pertinent. Si vous croyez que la méthode positiviste peut répondre à vos questions existentielles, vous vous trompez : elle n’en a même pas la prétention. Il ne vous reste dès lors que deux solutions : ou bien vous niez la pertinence des questions qui dépassent la stricte interrogation des sciences « dures », ou bien vous utilisez une autre approche pour tenter d’y répondre.

Docteur M.C
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Message par Docteur M.C »

Merci pour cette réponse. D'ailleurs le positivisme dit que les lois universelles sont des "faits généraux" (Auguste Comte), mais observe-t-on des lois "universelles" ?

Note : il me semble que vous avez oublié de passer à l'heure d'hiver sur vos machines ! (il est 19 h).

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : lun. 29 sept. 2003 13:16

Message par P. Joseph-Marie »

Même l’expression « faits généraux » est ambiguë pour le vrai positiviste, qui récuse toute application du principe d’induction, et n’admet que ce qu’il peut vérifier immédiatement. Je prends un exemple cité par un néo-positiviste (je ne me souviens plus si c’est Hempel ou Reichenbach) pour marquer la limite de cette approche : pouvons-nous affirmer que le sucre est soluble ? Pour le savoir, il suffit de plonger un morceau de sucre dans une tasse de café ! Certes, cette expérience concluante vous apprend que le morceau de sucre que vous venez de voir disparaître dans votre café était soluble, mais rien ne vous prouve que les autres sucres du sucrier le sont !?
Pour sortir de cette impasse Karl Popper propose de dire que chaque expérience concluante vous rapproche d’une certitude toujours plus grande de la validité de cette proposition générale : « le sucre est soluble » ; mais vous ne pourriez jamais l’affirmer définitivement selon un strict positivisme.
Je crois qu’il est inutile d’insister davantage sur les limites d’une telle position…

Verrouillé