Cabale

Verrouillé
René

Cabale

Message par René »

Je voulais en premier lieu vous féliciter pour votre forum.

Je me permets de revenir sur ce que le RP Verlinde écrivait et que je reproduis ci-après :
"Par contre je m’attendais à votre réaction – un peu facile - sur la kabbale. Nous convenons tout à fait qu’il y a effectivement un courant dit kabbalistique, qui est « intégré » au judaïsme orthodoxe. Mais vous savez fort bien que ce n’est pas de cela dont il est question lorsqu’on traite d’ésotérisme !"

C'est pourtant de cette seule cabale juive dont je parlais et qui est clairement l’ésotérisme juif traditionnel, par exemple par rapport à celui de Maïmonide de nature plus philosophique. Il semble donc difficile de la considérer comme hétérodoxe alors que nombreux grands rabbins d'Israël furent cabalistes. Charles Mopsik indique d'ailleurs : "Loin d’être un mouvement hétérodoxe, elle est un ésotérisme qui s’inscrit au cœur de la tradition juive."

Ce qui est plutôt "cocasse", c'est que les auteurs qui dénigrent la cabale (tels Leibovitz ou Levinas) le font parce que - antichristologiques comme Leibovitz - ils considèrent qu'elle est trop proche du christianisme.

P. Joseph-Marie
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Enregistré le : lun. 29 sept. 2003 13:16

Message par P. Joseph-Marie »

Vous le dites vous-même : la kabbale est un ésotérisme juif, qui adhère aux grands principes de l’ésotérisme – qu’il soit juif ou chrétien ou musulman - principes qui sont incompatibles avec ceux de la religion exotérique.

René

Cabale

Message par René »

Vous avez précisément défini la "substantifique moelle" de la question. Elle réside en effet dans votre affirmation, que je me permettrais de résumer ainsi : "l'ésotérisme est incompatible avec l'exotérisme", allégation qui justifie l'entier de votre démarche.

Ceci est compréhensible dans le cadre du christianisme, ou plutôt du catholicisme, "tradition d’ordre exclusivement exotérique" (René Guénon). En effet, dans la figure du Christ se résout – pour vous - l'ensemble des significations du monde.


Je me permets de répondre dans votre intervention pour éviter de faire des citations lointaines. Vous vous doutez bien que je ne vais pas accepter la réduction que vous proposez, surtout en vous appuyant sur René Guénon ! Certes Jésus l’a bien dit : « Rien, en effet, n'est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour ; et ce que vous entendez dans le creux de l'oreille, proclamez-le sur les toits » (Mt 10, 26-27). Mais je récuse l’interprétation implicite selon laquelle le christianisme, n’étant qu’exotérique, n’aurait rien de plus à offrir qu’une coquille vide ! Je ne citerai que la dimension sacramentelle comme exemple d’une dimension non pas ésotérique (secrète, occulte) mais mystérique (divine, de l’ordre du mystère).


En revanche, appliquer cette grille de lecture chrétienne au judaïsme et à l'islam est erroné. Pour ce qui est de l'islam, René Guénon (qui s'y convertit), l'a largement montré. Pour le judaïsme, je répète les écrits du grand rabbin Alexandre Safran : "La Cabale ne s'oppose pas au judaïsme dit "officiel", légaliste, institutionnel ; elle ne s'en éloigne point. Si un tel écartement se produit, il entraîne, chez ceux qui l'ont suscité, la perte du caractère juif". Récuser ces propos par des arguments d'autorité, et non des textes, me semble irrecevable.


Toute tradition religieuse, quelle qu’elle soit, a eu et aura toujours ses courants ésotériques (pensons à la gnose « christique » des premiers siècles, et qui perdure toujours). Vous avez donc tout à fait raison de dire que le judaïsme et l’islam ont eux aussi leurs écoles interprétatives ésotériques. L’orthodoxie de ces écoles dépend du discernement du « magistère » de la tradition en question. C’est donc à lui à se prononcer. S’il ne le fait pas – comme vous semblez le dire pour le judaïsme - la liberté d’expression est incontestablement beaucoup plus large. Avec le risque d’incohérences notoires eu égard à l’histoire interprétative de la dite tradition, voire même à la doctrine fondamentale véhiculée par cette tradition.

Dans sa conférence du 15 mai 2003 au Consistoire de Paris, le professeur Maurice-Ruben Hayoun indiquait clairement : "le Zohar apparut, peu après sa mise en circulation, comme l'incarnation unique de la théologie juive qui devenait, malgré le courant rationaliste d'inspiration maïmonidienne, une véritable theologia mystica, s’inscrivant en faux contre l’intellectualisme effréné du Guide des égarés". Lorsque le premier grand rabbin ashkénaze d'Israël Abraham Isaac Kook, les grands rabbins séfarades d'Israël Ovadia Yossef et Mordekhaï Eliahou, le rabbin Adin Steinsaltz ou le grand rabbin de France Joseph Haïm Sitruk expliquent la transmigration des âmes (métempsycose), ils ne se mettent nullement en contradiction avec l'exotérisme juif car le judaïsme n'a pas de dogme sur cette question.

Sophie

Message par Sophie »

:D Bonsoir !
Je ne sais pourquoi, mais votre réponse me fait penser à tous ces hommes construisant la tour de Babel pour atteindre Dieu !
Jésus est tellement simple et tellement doux.
Bien à vous Son Coeur.

Xeon

Jésus était-il si simple et si doux ?

Message par Xeon »

Jésus était-il si simple ? A lire les Evangiles on trouve bien des paradoxes (maintes fois mis en avant pas les détracteurs du déisme), qui démontreraient plutôt qui'l faudrait faire preuve de discernement et d'intelligence dans la compréhension de la création, des écritures ...
C'est d'ailleurs ce que Jésus demande à ses disciples, qu'il sermonne et reprend constamment à propos de leur intelligence manquante, et de leurs incompréhensions. Sa "douceur", déjà là, était plus que discutable, ou quand il dit à St Pierre que ces pensées sont celles de Satan... Quand il affirme que ce sont les violents qui s'emparent du Rouyaume, quand il chasse les marchands du temple, etc.

Relisez également st Paul, sur l'intelligence, la connaissance (Eph. 4 : 18 ; Phil. 1 : 9 ; Col. 1 : 9 ; 3 : 10 ; Rom. 1 : 281 Cor. 13 : 2 ; 14 : 6 ; 15 : 342 Cor. 11 : 6 ; Gal. 4 : 8-9).
Normal, car il y a là des raisons théologiques : en effet, tout pain se gagne à la sueur de son front. Nous ne sommes pas sur Terre pour dormir dans la quiétude mais bien au contraire pour apprendre, comprendre, s'instruire sur Dieu, et là, comme la science actuelle en est le signe, tout est complexe, et dès lors tout devient beau quand la lumière se fait, et le Créateur n'en paraît qu'avec plus de grandeur et de sagesse. C'est pourquoi St Pierre lui-même demandait à ses disciples de joindre la science à leur foi (II Pie. 1 : 5-6).

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