« Les pratiques occultes sont mauvaises en soi ». Que pense l’Eglise catholique de la sorcellerie ?
1- La religiosité ésotérique, notamment à travers la sorcellerie, suscite un intérêt de plus en plus important. Qu’y a-t-il de si séduisant ?
L’ésotérisme donne accès à une « gnose », c’est-à-dire à un savoir prétendument salvifique, délivré au sein d’une tradition initiatique. Le contenu de ce savoir varie dans la présentation, mais le fond demeure inchangé : il s’agit de la révélation de la divinité naturelle de l’homme. L’initiation au cours de laquelle cette connaissance théorique est transmise, consiste dans le « transfert d’une influence spirituelle » (René Guénon), qui permet au néophyte de s’ouvrir aux niveaux subtils (occultes) du réel. Il est clair que sur l’horizon de la philosophie panthéiste à laquelle adhère l’ésotérisme, il ne saurait y avoir de « Sauveur » au sens chrétien du terme. La « chute » n’est pas une rupture d’Alliance entraînant la perte de la grâce divine, mais la descente de la monade (l’étincelle divine individuelle) dans la matière (« involution »). Le « salut » consiste dès lors dans le mouvement de retour de la monade vers la Source – c’est-à-dire vers la pure Énergie divine indifférenciée – d’où elle est émanée (« évolution »). Dans un univers de part en part divin, il ne saurait y avoir de mal ; la distinction entre le bien et le mal est dès lors purement subjective et fonction du degré d’évolution de la monade.
Nous pressentons ce qu’une telle proposition peut avoir de séduisant dans le contexte de l’individualisme et du relativisme ambiants. Chacun évolue selon sa propre trajectoire, assumant le « karma » qui est le sien au cours de l’incarnation présente, en attendant d’explorer d’autres possibilités dans une incarnation future.